10.8.08

LE TRAITRE TRAHI

par Mohamed Mahamud Embarec

[trad en espagnol]

Au mois de juillet 2008, le journal marocain "Assbah Almaghribia" publiait un article sur certains rumeurs que circulaient autour de Khalihenna Ould Errachid selon lequels ce dernier se serait réfugié en France en demandant l'asile politique. Ces rumeurs ont couru immédiatement après la publication par Al Jarida Al Oula des déclarations de Ould Errachid devant l'Instance Equité et Reconciliation, organisme créé par le Roi Mohamed VI pour éclaircir les graves violations des droits de l'homme commis pendant le règne de son père. Dans ses déclarations, enregistrées et transcrites en 2005, il dit textuellement : "Il y a des gens (…) il s'agit de trois ou quatre officiers de l'armée qui ont commis ce que l'on pourrait appeler des crimes de guerre en dehors du domaine de la guerre et beaucoup de civils furent jetés depuis des hélicoptères dans le vide ou enterrés vivants parce qu'ils étaient saharaouis". Ces déclarations ont été faites à huit clos et ne devaient pas être mises a la connaissance du grand public, mais le journal cité a décidé de les publier juste après l'échec des négociations bilaterales entre le Front Polisario et le Maroc et quelques mois après que l'Audience Nationale d'Espagne ait demandé au juge Baltasar Garzón 'louverture d'une enquête sur des "crimes internationaux" commis par "32 dirigents et militaires marocains" au Sahara Occidental depuis 1975.
Le journal Assabah Almaghribia ajoute dans son article que Ould Errachid considère cette publication comme un "complot" orchestré par l'ex-ministre de l'Intérieur et Justice, Fouad Ali Himma.
Cependant, l'opinion publique dans les territoires occupés, grand connaisseur des farces de Ould Errachid, lui attribue, à lui-même, la source de ces rumeurs sur ce prétendu éxile en France, puisqu'il est fort connu par ces méthodes lorsqu'il se sent abandonné par ses maîtres. La publication de ses commentaires réveillent en lui des suspictions sur une eventuelle intention de la part du gouvernement marocain de lui chercher un sucesseur à la tête du CORCAS. On ajoute a cela, l'échec de cet organisme en tant qu'institution représentative. Au sein du CORCAS, Khalihenna est loin de gagner la sympathie de ses membres à cause de son manque de carsime. Dans une interview publiée, le 4 octobre 2006, par l'hébdomadaire marocain Le Journal Hebdomadaire, Moustapha Naïmi, membre du CORCAS et chercheur à L'institut Universitaire des Recherches Scientifiques, à Rabat, exprimait en toute clarté l'inconvénience de Khalihenna en tant que président du CORCAS dans les termes suivants : "Le Corcas (…) n’a nullement besoin de la représentation des symboles de l’annexionnisme dans un exercice peu concerté. Je présume que la représentation actuelle du Corcas ne peut assumer son rôle distinct tout en mettant de côté les programmes d'action des conseillers. En cas de transparence (à ce jour ignoré au Sahara) on aura une réponse concluante. N’importe quel sondage d’opinion dans la ville de Laayoune vous permettra de découvrir bien des vérités. Il n’est pas difficile d’établir la vérité des faits. Il est vrai de toute façon que le Corcas traverse un moment difficile après le silence qui dévoile aussi les dessous de la marge de manœuvre dont dispose le président actuel".
L'impopularité d'Ould Errachid au niveau du CORCAS est évidente. La contestation au niveau de la population sahraoui des territoires occupés est encore majeure suite aux fortunes accumulées par Khalihenna au long des 32 années du conflit sahraoui, autant dans ses fonctions ministérielles qu'au niveau de la Mairie de Laayoune, dont il fut le président pendant des décénies. Sa fortune s'est étendue jusqu'aux membres de sa famille, puisque son frère, Hamdi Errachid, lui succéda à la tête de la Mairie et son neveu est actuellement président du Conseil Régional de la Laayoune. A ce propos, le magazine pro-marocain Jeune Afrique, dans son édition du 22 octobre 2006, écrivait sur Hamdi Ould Errachid : " Au niveau régional également, il a su s’imposer comme une figure incontournable. Député de la wilaya de Laayoune-Boujdour-Sakia el-Hamra, président du Conseil régional du tourisme, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie, homme d’affaires : à tous les échelons, Moulay Hamdi n’est jamais très loin des centres de décision. Un cumul qui ne laisse pas indifférent : dans la région, l’omnipotence de la famille sur la scène politique locale ne va pas sans susciter commentaires et critiques.
Aujourd'hui, Ould Errachid sent l'atténuation de son prestige au niveau des hautes sphères marocaines, il se sent vulnérable. Pour se défendre, il envoie des messages à travers des rumeurs, pour prévenir les autorités marocaines qu'au cas où ils décident de se passer de ses services, les atouts qu'ils a en main sont d'une extrême importance : Un éventuel témoignage devant l'Audience Nationale Espagnole aurait des conséquences graves sur les intérêts marocains et mettrait en danger les relations hispano-marocaines et les conséquences de cela sur le destin de Ceuta et Melilla. Même si dans ses déclarations il accuse l'ex-ministre de l'Intérieur d'être derrière les publications dans le journal Al Jarida Al Oula, dans son intime conviction il craint le pire. Le traître se sent trahi par ses maîtres, même après avoir renoncé à ses biens dans la ville espagnole de Marbella par crainte d'être convoqué en tant que témoin des crimes de guerre commis au Sahara Occidental.
09.08.08
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