22.1.09

Lorsque le machiavélisme devient prostitution politique

par Mohamed Mahamud Embarec

[ en espanol: Cuando el maquiavelismo deviene prostitución politica ]

Au moment où le nouveau président américain s’installe à la Maison Blanche, Christopher Ross se prépare pour faire une tournée dans la région nord-africaine comme premier pas dans son attendue médiation pour trouver une solution au conflit du Sahara Occidental. Inutile de rappeler combien elle est difficile cette mission qui s’est déjà payé la tête de prestigieux diplomates de différentes nationalités. Néanmoins, il a deux points importants en sa faveur : La communauté internationale est lasse du conflit le plus vieux de l’agenda des Nations Unies et le Conseil de Sécurité insiste sur la nécessité d’une solution basée sur le respect du principe d’autodétermination du peuple sahraoui.

Le Maroc s'est déjà préparé au mandat d'Obama en rompant ses relations diplomatiques avec le Venezuela en guise de solidarité avec Israël, et qui dit Israël dit le lobby sioniste, très puissant aux États Unis et en Europe. C’est l’occasion idéale pour les autorités marocaines de renouveler leur loyauté au lobby juif et contraindre les EE.UU à préserver son plan d’autonomie, plan qui a connu dernièrement beaucoup de revers malgré le soutien des EE.UU, la France et l’Espagne et a été sérieusement amoché par les rapports sur les violations des droits de l’homme au Sahara Occidental. Il ne peut faire de l’ombre à cette affliction qu’en commettant une bourde significative comme, par exemple, l’établissement de relations diplomatiques avec Israel, chose inimaginable en ce moment à cause de l’état d’esprit produit dans le monde arabe par la sauvage agression israélienne contre le peuple palestinien.

Tout est bon pour Rabat quant à péser sur l’issue de la question du Sahara Occidental, y compris de mettre en branle les soutiens patentés d’Israel pour attirer la sympathie du lobby juif. Le journal israélien Maaref a découvert dans un article paru en mai 2007 les agissements du lobby juif américain en vue de forcer la main à l’administration américaine aux fins de soutenir le projet de la pseudo autonomie que le Maroc prétend octroyer aux sahraouis.

Les Israéliens n’ont pas déçu le roi marocain, puisqu’ils ont apporté leur soutien en 2007 pour que le Conseil de Sécurité vote la résolution 1495 après que les américains aient affirmé qu’ils n’imposeront aucune solution contre le consentement des parties. Des instructeurs israéliens ont été chargés de la formation des élites de l’armée marocaine et des services de renseignement et ont participé à la construction du mur de défense sans oublier les chars et radars israéliens utilisées dans la guerre contre le Front Polisario.

Qu’est-ce qui fait que le Maroc e Israel se soutiennent mutuellement ?

- Le conflit du Sahara Occidental et celui du Proche Orient sont deux conflits qui opposent colonisateur et colonisé. Le Maroc occupe illégalement le Sahara, Israel essaie de maintenir son emprise sur les territoires occupés en 1967.

- L’Etat sioniste tente de brouiller les cartes en avançant la menace iranienne. La Maroc se présente comme rempart contre la menace terroriste au Maghreb, une menace aussi imaginaire que la possession d’armes nucléaires par Sadam Husein, motif avancé pour envahir l’Irak.

- Israel refuse d’appliquer la résolution 242 demandant le retrait israélien des territoires occupés pendant la Guerre des Six Jours et le retour des palestiniens. Le Maroc s’oppose à toutes les résolutions sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et n’accepte le retour des réfugiés sahraouis que s’ils acceptent à se « résigner » aux moyens de propagande marocains et se dépouiller de ses idéaux et convictions indépendantistes.

- Israel poursuit son implantation des colonies contre la Convention de Genève comme le Maroc s’est implanté dans la partie sahraouie qui était sous l’administration mauritanienne en vertu de l’Accord Tripartite de Madrid.

- Les deux pays font de l’alliance avec les EE.UU. leur arme principale pour défier la légalité internationale e imposer le fait accompli et essaient de maintenir l’unité de la coalition occidentale contre des dangers imaginaires pour donner une forme de légitimité à leurs objectifs.

Evidemment, avec l’arrivée d’Obama, il est légitime de se demander si l’administration américaine poursuivra sa politique qui a toujours été guidée par les intérêts géostratégiques et si le roi du Maroc, avec la décision de rompre avec le Vénezuela bénéficiera du soutien américain pour continuer à défier la communauté internationale.
22.01.09