par Baba M. Sayed
Ce qui a été convenu d’appeler, abusivement, le processus de paix au Sahara Occidental a vécu. Il n’est désormais qu’un slogan creux, voire une imposture langagière qui ne convainc plus personne. Le Maroc plus édifié que les Sahraouis sur la réalité et la nature des relations internationales (un champ clos d’affrontement permanent entre puissants, où les faibles n’ont pas de voix au chapitre) a su utiliser à son avantage notre naïveté et la confiance, exagérée et non justifiée, que nous avons placée dans certaines puissances occidentales et certaines organisations internationales pour nous aider à recouvrer nos droits.
En convaincant ses alliés traditionnels, en particulier la France et l’Espagne, que l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental engendrerait, immanquablement, une déstabilisation généralisée du Royaume, il a réussi, progressivement, avec le soutien actif de ces mêmes pays, à vider le plan de paix de sa substance en le réduisant à la seule clause du cessez-le-feu. Et l’appétit vient en mangeant, il ne s’est pas contenté, par la suite, de ce coup de force, pourtant jugé comme un succès décisif.
Une fois cet objectif atteint, il a commencé, au cours des dernières années, à mobiliser, à grand renfort de moyens et de publicité - devant un Front Polisario tétanisé - ses alliés pour l’aider à substituer au plan de paix onusien, une forme de solution bâtarde, l’autonomie, qui devrait lui procurer, si on n’y prend pas garde, entre autres avantages, l’extraordinaire possibilité d’une « sortie légale de la légalité.»
Dans les résolutions des organisations internationales, notamment celles du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies, l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple du Sahara Occidental n’est plus l’objectif prioritaire des efforts de la communauté internationale. Du moment où le bourreau et sa victime sont placés sur le même pied d’égalité et considérées, de manière indifférenciée, comme les « deux parties prenantes du conflit », la préoccupation est dorénavant de les contenter tous les deux ou plus exactement, parce que l’on est dans le domaine des relations internationales, essayer d’amener progressivement la victime à ne plus se plaindre du traitement de son bourreau et à accepter, réalisme oblige, ce qu’il voudrait bien lui offrir. Et le procédé « légal » pour arranger « légalement » tout cela ce sont de prétendues négociations tout aussi bidons que le plan de paix lui-même.
Cette farce a trop duré. Les Sahraouis doivent réaliser, désormais, que leur avenir et leur chance de pourvoir vivre un jour, en hommes libres et dignes, dans la région du Nord Ouest de l’Afrique, dépend essentiellement de leur capacité à se mobiliser pour imposer leur État national sur l’étendue de leur territoire. Hors de cette possibilité, point de salut ni pour eux ni pour leurs enfants
Et pour réussir ce pari vital, il leur faut emprunter d’autres chemins, changer leurs manières de faire la politique, accorder une place privilégiée à la jeunesse, et investir dans l’édification et la consolidation d’institutions nationales seules à même de leur permettre de réaliser ce qui devrait être leur seul et unique objectif, l’indépendance de leur pays.
Alors, les Sahraouis sont-ils disposés à prendre ce tournant ?
Qu’ils le veuillent ou non, leur futur et celui de leurs progénitures, est pourtant à ce prix.
Baba M. Sayed
09.06.09
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