Par Haddamin Moulud Said
(original en espagnol Gdeym Izik y el proceso de las negociaciones, traduit par Niko)
Cela fait plus de 6 mois que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a exhorté les parties au conflit à entamer une phase plus intense et plus substantielle de négociations. Pourtant, depuis ce moment, les parties ne se sont toujours pas rencontrées.
Il y a eu diverses tentatives pour que se tienne un cinquième round de négociations, mais l’occasion se faisait toujours attendre.
Et soudain, dans les zones occupées du Sahara Occidental, ont été organisées les plus grandes manifestations dont on se souvienne depuis 35 ans. Quelles conséquences peuvent-elles avoir sur le processus de négociations ?
L’exhortation du Conseil de sécurité opère comme un mandat donné aux parties pour qu’elles entament des négociations intensives et substantielles.
Depuis un certain temps déjà, le Polisario et ses alliés accusent le Maroc de faire obstacle aux négociations directes. La lettre de Ross, ébruitée dans la presse [espagnole] sur ordre de Moratinos […] est venue confirmer la véracité de ces affirmations.
L’ouverture des négociations prévue pour le 3 novembre prochain a coûté quelques suées à plusieurs puissances. Christopher Ross a dû se battre résolument avec l’Administration démocrate américaine pour que celle-ci lui offre le soutien nécessaire pour pouvoir mener les négociations à terme.
Finalement, le diplomate américain a réussi à ouvrir une brèche dans ce qu’on appelle le « Groupe des amis du Sahara » (GAS [en espagnol, ce mot signifie GAZ], gaz létal dans tous les cas). Ross a obtenu que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et l’Espagne (celle-ci à la remorque et après avoir diffusé, depuis le Palais de Santa Cruz, la lettre de pression du propre Christopher Ross) se soient rangés à l’idée de faire pression sur les parties au conflit pour qu’elles participent, de bonne foi, à des négociations directes. Il faut lire : pour que le Maroc soit obligé de négocier. La France est restée à l’écart de tout cela, telle une brebis galeuse.
De son côté, le Conseil de Sécurité lui-même a atteint les limites de sa capacité à continuer de s’occuper du conflit, étant donné les centaines de millions de dollars investis sans parvenir à faire négocier les parties… Il faut comprendre qu’il est sur le point de jeter l’éponge, et de remettre l’affaire entre les mains de l’Assemblée générale.
Et c’est au moment même où ce scénario se met en place que se produisent les plus importantes manifestations jamais vues sur le territoire du Sahara Occidental depuis la mission de visite des Nations Unies en mai 1975 !
Nous pensons que rien n’arrive de manière fortuite, en matière politique en particulier, et que ce qui se produit là obéit à un schéma préétabli.
Après ses efforts pour parvenir à des négociations directes, le Polisario a-t-il un quelconque intérêt à lancer la bagarre juste avant l’ouverture de nouvelles rencontres, et par conséquent, à gâcher le travail de Christopher Ross ? Il est évident que non.
Existe-t-il une clé politique interne qui nous permette de suspecter la main du Makhzen dans cette affaire ? Non plus.
La tentative de monter cinq campements de protestation, de manière synchronisée, à côté de Dakhla, de Boujdour, d’El Aïoun, de Smara et de Goulimine, ajoutée à la charge idéologique minimale (en apparence) du mouvement, invitent à ne pas voir la signature du Polisario dans ces initiatives. Le fait que le Front Polisario a dû s’y reprendre à deux fois pour donner les informations relatives au jeune garçon assassiné révèle, pour le moins, un certain éloignement entre le Front et le coeur des événements.
Les tentatives du Maroc pour « vendre » le campement de Gdeyam Izik comme démonstration de son ouverture, de sa démocratie et de son respect des droits de l’homme (liées à la campagne sur www.map.ma et dans les déclarations de Fassi Fihri pour détourner l’attention de l’opinion vers ce qui se passe à Melilla [i.e. le meurtre allégué d’un jeune Marocain par la police espagnole]) invitent, de leur côté, à écarter toute implication du Makhzen dans la genèse du mouvement. Rappelons, pour le moins, la détermination avec laquelle le Maroc a dévasté les campements qui avaient commencé à se monter à proximité de Dakhla, de Boujdour, de Smara et de Goulimine…
Alors, qui est derrière tout ça ? Rappelons-le : il s’agit des manifestations les plus importantes au Sahara Occidental depuis la mission de visite de l’ONU, en mai 1975
Et cela se produit au moment le moins opportun. Au moment où toutes les parties (le GAS, le Conseil de Sécurité, le Front Polisario, le Maroc, etc.) relèvent les manches pour négocier, la rivière déborde, devenant un torrent impétueux qui emporte des bâtons et va les mettre dans les roues du moulin des négociations. D’où vient ce flot ?
Si on ajoute, à la connaissance du dialecte arabe hassaniya, la possibilité d’accéder aux vidéos sur Youtube envoyées du cœur du campement Gdeyam Izik, et l’ADN univoque des manifestants, la conclusion est évidente : il faut substituer au discours apparent, que l’on a décrit comme charge idéologique minimale, celui d’une protestation nationaliste.
C’est le peuple sahraoui, souverain, qui s’est relevé de ses cendres pour dire : « Je suis ici, quoi qu’il en coûte ». Bien avertis du fait que l’exhibition de drapeaux sahraouis et d’autres symboles entraînerait une répression cruelle et dévastatrice, les manifestants se sont passés de la liturgie sans renoncer à la messe…
En effet, les échos de la messe dite à Gdeyam Izik ont résonné jusque dans l’enceinte des négociations. Il faut savoir que Christopher Ross parle arabe, comprend le hassaniya (ce qui lui permet de bien identifier l’ADN des manifestants) et dispose plus qu’il n’en faut de l’accès à YouTube.
Tout cela n’a fait que redoubler les voix intérieures qui réclament, au Front Polisario, de ne pas négocier avec le cadavre d’un enfant sur la table. Y compris Ould Salek qui a averti que le climat de tension régnant n’encourage pas à négocier.
Selon moi, pourtant, je pense que c’est le moment de négocier, à fond. Parce que jamais auparavant la pression sur le Maroc n’a été aussi forte.
Curieusement, l’après-midi même du jour [samedi 23 octobre] où Christopher Ross atterrissait à Casablanca (il est resté trois jours), Mohammed VI envoyait en urgence à Paris son bras droit, Fassi Fihri, avec une missive à remettre immédiatement et en mains propres à Nicolas Sarkozy. Le contenu du message coulait tellement de source que le site www.map.ma n’a eu le choix que de dire qu’il concernait des « questions d’intérêt régional ». Ainsi le Maroc, suppliant la France ou exerçant sur elle un chantage, fait montre d’un degré certain de nervosité devant ce qui se profile.
Cinq jours après la visite de Fassi Fihri à Paris [jeudi 28], était organisée par Omar Mansour une table ronde à l’Assemblée nationale française, ni plus ni moins, en présence de Mohammed Abdelaziz, sur le thème : « La décolonisation du Sahara Occidental : la responsabilité des Nations Unies et le rôle de la France ». Et, au cas où il manquerait des ingrédients au suspense, a été célébrée le même week-end dans la ville française du Mans la 36e édition de l’EUCOCO (Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui), en présence de 400 délégués.
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1.11.10
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1 comentario:
Niko,muchos articulos interesantes,ha escrito Haddamin y TU,has traducido solo este.Nikotiendo....................
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