par Dr Baba M. Sayed
L’arrivée de Mohamed VI au pouvoir ; il y a plus d’une décennie, a été saluée par les puissances occidentales et par de larges secteurs de la population marocaine comme le début d’un nouveau règne ; d’un nouveau style et de philosophie de gouvernance, qui devrait, selon ces mêmes milieux, rompre avec les pratiques et les orientations de l’« ancien régime», jugé trop archaïque et absolutiste. La plupart des medias de France, ceux contrôlés par Makhzen et même des journaux marocains, récemment mis sur le marché par des plumes indépendantes n’ont épargné ni peine ni effort pour brosser du nouveau successeur de Hassan II un portrait flatteur, accréditer l’idée de ses capacités et de son dynamisme auprès d’un large public aussi bien marocain qu’étranger. Al Himma, l’homme fort du nouveau règne, a mobilisé le banc et l’arrière banc du makhzen pour que l’image idyllique (roi des pauvres, roi démocrate qui respecte les lois et s’arrête devant les feux rouges de la circulation) ainsi sculptée de son maître de roi dure, le plus longtemps, dans les esprits de millions de Marocains à la recherche de la moindre lueur à laquelle ils peuvent s’accrocher. Il est à relever toutefois que les paris des publicitaires du roi ont semblé, dès le départ, hasardeux, voire impossibles à tenir eu égard aux différences, de plus en plus grandes, entre les classes riches et pauvres, l’absence d’espaces de liberté, la montée du chômage, l’omnipotence de l’appareil répressif, le faste entretenu par le roi et ses proches…
Ce qui a fait que très vite le roi est devenu nu.
Des journalistes qui, hier, affichaient leur sympathie au nouveau roi et invitaient leurs lecteurs à lui faire confiance, se montrent très sceptiques et découragés. Ils commencent à avoir la dent dure contre le monarque et à exprimer publiquement leur déception face à ses promesses non tenues et aux changements espérés qui tardent à se matérialiser.
Avec le temps, le désenchantement se mue en grogne et l’enthousiasme des premiers jours devient une révolte qui s’exprime parfois à travers des critiques à peine voilées de la personne du roi . Et avec la révolte qui se renforce et s’amplifie, dans les rédactions et dans la rue, les journalistes de la jeune et dynamique presse indépendante qui étaient pourtant les principaux avocats et ardents défenseurs du nouveau règne, n’hésitent plus à prendre ouvertement leurs distances avec le régime, ses pratiques et ses symboles.
Ces jeunes loups sont en fait arrivés, après mûre réflexion, à la conclusion que le régime n’a pas changé et n’en a réellement aucune volonté ou envie. Le roi dont la personne, faut-il le rappeler, est inviolable et sacrée ; tient résolument à rester le maître unique et absolu du Maroc. Il est soucieux, comme son père avant lui, de continuer de gérer le pays comme il gère sa propre demeure et selon ses humeurs. En se mettant au dessus de toutes les lois.
Le roi, sûr de son bon droit, est décidé à régenter le Royaume à sa guise. A cet effet, il a tenu à rester le Commandeur des Croyants, le premier entrepreneur du pays, celui qui tient la justice sous sa tutelle, le ministre de l’intérieur effectif dont dépendent toutes les polices et les services de renseignement, le patron de la gendarmerie et le commandant en chef des forces royales, le principal animateur et architecte de la diplomatie.
Avec la volonté affichée par le roi de ne rien abandonner de ses prérogatives et privilèges, des intellectuels et journalistes marocains, y compris ceux de sensibilité monarchiste, qui ont cru, un moment, sincèrement pouvoir contribuer à la modernisation de leur pays, au renouvellement nécessaire des structures de la monarchie et ainsi la réconcilier avec le peuple marocain et le monde sont devenus amers. Ils ne cachent plus leur déception de voir le roi rejeter leur demande, de régner sans gouverner, demande qui en plus d’être un vœu du peuple marocain est devenu, selon eux, un impératif pour préserver la monarchie et la sauver des périls qui menacent de l’emporter. Ces intellectuels marocains ne dissimulent plus leur incompréhension et leur malaise devant l’entêtement injustifiable, selon eux, d’un roi que l’on croyait hier ouvert et moderne mais qui, au contact du pouvoir, ne veut rien ; absolument rien, changer à l’architecture et au fonctionnement féodal de la maison Makhzen et encore moins à céder la moindre de ses prérogatives.
S’estimant trahis par les nouveaux maîtres des lieux, Boubker Jamai, Ali Ammar, Lamrabet et bien d’autres brillants journalistes qui ont donné ses lettres de noblesse à la presse indépendante au Maroc, ces dernières années, ne veulent plus voir leurs publications servir de caisse de résonnance à ce qu’ils considèrent, à juste titre, comme de la propagande pernicieuse d’un régime féodal et moyenâgeux. Ils refusent, désormais, de ravaler leur dignité et d’endosser le statut méprisant et dégradant de simples sujets soumis et bons à exécuter les ordres venus du Palais. Alors ils décident de faire leurs valises et de quitter leur cher pays à la recherche d’autres cieux plus cléments.
D’autres arrivistes comme Ali Anouzla ont tenté, dans un premier temps, de se mesurer à leurs courageux confrères partis en exil. Ils créent, sans grand succès, il est vrai, des publications et des journaux dont la tonalité critique ne laisse pas indifférent le Makhzen. Ils se sont toutefois vite dégonflés quand ils se sont rendus compte de l’ampleur de la tâche et ce qu’elle requiert comme efforts et sacrifices.
Pour excuser leur lâcheté, leur manque de courage et/ou de volonté de résistance face à la toute puissante machine répressive du Makhzen, eux qui ne pratiquent le «journalisme engagé» qu’à la condition de ne pas trop s’exposer et de ne pas courir ce qu’ils estiment être des risques inutiles (arrestations, emprisonnements, amendes… etc.;), n’ont pas mis longtemps, quand le Makhzen se fait menaçant et sa main lourde - et c’est bel et bien le cas ces dernières années- à se faire petits, faire amende honorable, brandir le drapeau blanc ou tourner carrément leur veste.
Quand on reproche à ces opportunistes de malheur, à ces oiseaux de mauvaise augure les raisons des changements brusques et inquiétants de leurs positions, pour toute défense ils se contentent de vous répéter ; convaincus de leurs bons choix, le fameux dicton marocain, « la main que l’on n’arrive pas à couper, il faut la baiser » !
Après tout, il n’est pas à la portée de quiconque d’être héros ou d’en avoir même, après beaucoup de peine et d’efforts, ultérieurement, la carrure ou l’étoffe. Et à cet effet, nous pouvons bien trouver des excuses ; et même de nombreuses et bonnes excuses, à notre ami Ali Anouzla de ne pas être né héros ou d’en avoir les moindres qualités ou habilités.
Car ce que nous ne pourrons pas, en fait, pardonner à Ali Anouzla c’est d’être un fieffé menteur narcissique et manipulateur, c’est de ne pas être honnête, c’est de ne pas avoir, un tant soit peu, le moindre sens de l’ethos journalistique. Bref c’est de n’être ni sérieux ni respectable.
Et enfin le plus grand reproche que l’on peut adresser à Ali Anouzla est de considérer la noble et respectable profession de journaliste comme n’importe quel autre gagne-pain. Et quand le pain manque, il n’éprouve aucun état d’âme à se prostituer pour se le procurer comme on le verra.
Jugez-en.
J’ai connu Ali Anouzla à travers ses écrits, dont j’ai particulièrement apprécié l'un portant sur les dangers d’éclatement réels encourus par le Royaume du Maroc dans le cas où il déciderait de mettre à exécution son projet d’autonomie pour le Sahara Occidental. Depuis lors, nous avons, par des conversations téléphoniques, gardé comme, on dit, le contact. Des amis communs nous ont, il est vrai, aidés, il est vrai, à conserver des rapports courtois. Sans plus.
Quand j’ai appris lors du XIIIème congrès du Front Polisario qu’Ali Anouzla était du nombre des journalistes invités, j’ai estimé de mon devoir d’aller le saluer à sa résidence. Et là, après les salutations habituelles, nous avons engagé, sur son invitation, une discussion sur la démocratie ; discussion au cours de laquelle je lui ai fait savoir, grosso modo, qu’un mouvement de libération ne peut pas, sous peine de se suicider, être démocratique. Cela ne devrait pas être, lui rejetais-je ; son objectif premier ; d’une part ; et d’autre part, il faut bien convenir que la première et nécessaire condition de toute forme de démocratie est que le peuple dispose, au préalable, d’un pays sur lequel il peut, en toute indépendance et en toute liberté, exercer sa souveraineté. Et quand je m’étais rendu compte, au bout de quelques minutes, que je n’arrivais pas à le convaincre et que lui ne parvenait pas, par ses objections, relevant plus, il faut y insister, du sens commun que de l’argument scientifique, à ébranler mes certitudes, je lui ai posé, pour changer de sujet, des questions ponctuelles sur la nature du régime marocain et les conseillers du roi. Après nous nous sommes séparés pour ne plus nous revoir.
Dire par la suite, comme Anouzla l’a écrit sur son site , que nous nous sommes vus à l’extérieur de la salle du Congrès et que nous avons eu un échange au cours duquel je lui ai affirmé que je ne voulais pas regagner la salle des délibérations où sont réunis les congressistes parce que je ne voulais entendre ce que j’entendais depuis trente cinq ans, que j’ai besoin d’un dirigeant qui me fait rêver et que le président de la République sahraouie ne peut pas être le de Gaulle des Sahraouis est un pur mensonge qui fait honte à Ali Anouzla et à la profession du journalisme à laquelle il prétend appartenir
Je sais qu’Ali Anouzla est depuis un certain temps un homme traqué, qu’il est cassé et qu’il n’a plus le rond
Je sais qu’il a une peur bleue de se trouver un jour en prison, d’être torturé, forcé à l’exil ou d’être traîné devant des tribunaux.
Mais est-ce que cet état, difficile et pénible certes, peut justifier ou excuser qu’Ali Anouzla ait l’indécence et la malhonnêteté de mettre dans la bouche de quelqu’un des accusations aussi absurdes et graves ?
Est-ce que l’état difficile qui est celui d’Ali Anouzla peut excuser son manquement aux principes les plus élémentaire de l’éthique journalistique ?
Peut-on considérer que le fait qu’Ali Anouzla soit à ce point fragile, sans défense devant l’appareil du Makhzen et ruiné matériellement, soit un motif acceptable pour qu’il vende tout un peuple - qui lui a déployé le tapis rouge, lui a offert le gîte et le couvert - et porte préjudice aussi honteusement à sa cause pour un plat de lentille offert par les barbouzes du Makhzen ?
Dr Baba M. Sayed
babasayed56[at]yahoo.es
01.01.12
note de B.S. [1] Quand le président de la République a appris mon intention d’écrire cet article; il m’a fait chaleureusement l’éloge du journaliste en question et il m’a demandé, comme à son habitude, de manière élégante et courtoise, de ne pas le publier. M’estimant toutefois agressé de façon intolérable, j’ai jugé nécessaire de livrer aux lecteurs ma version des faits.
note de arso: le site web de A. Anouzla : http://www.lakome.com
2 articles de A.A. sur le congrès du FP en arabe :
26.12.2011 (avec les propos attribués à B.S.) et 30.12.2011
--------------Ce texte exprime l'opinion de l'auteur et n'engage pas les modérateurs du forum.
1.1.12
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2 comentarios:
En contemplant le parcours
politique de M. Baba depuis sa demande d'asile au Canada comme victime de l'oppression du polisario, en passant par son bref mariage avec
la jeune soi-disant journaliste de
la TV Laayoune, et en s’arrêtant sur sa polémique pour un article publié par un journaliste connu plutôt comme crédible, on ne peut que s'assurer que le mec est skysofrene.
En plus je me demande pourquoi
M. Baba n'a pas fait sa réponse directement sur le site lakome,
il parait qu'il veut comme on dit
chez nous lancer une pierre sur
deux oiseaux, faire plaisir à son maitre Abdelaziz et peut être
le naïf Anouzla ne se rend même pas compte s'il visite pas le site arso.
Drôle est cette personne qui se prostitue chaque jour avec ses convictions, drôle est aussi cette vie,
la même famille qui a mis au monde
l’honorable Bette politique Elouali,met au monde une bette tout court Baba.
que vergüenza de presidente
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