30.10.09

Murs, vous avez dit murs?

par Diego

Avec cet excès qu'on leur connaît lorsqu'il s'agit d'exploiter un évènement politiquement correct, les media de France n'auront de cesse, tous ces jours à venir, de commémorer la chute d'un mur, LE mur, celui qui isolait Berlin jusqu'en 1989. Et de rappeler que, certes, ce n'est pas le seul "mur de la honte" qui a été érigé depuis la fin de la seconde guerre mondiale, avec une nette tendance à les voir s'élever de plus en plus nombreux ces dernières décennies, un peu partout. Les murs qui dérangent le plus auront la priorité : l'inutile barrière entre le Mexique et les Etats Unis, l'insoutenable mur de béton qui coupe la Palestine en deux. On parlera peut-être un peu moins des barbelés infranchissables du Cachemire, des deux Corées et si quelque journaliste français l'ose, des clôtures qui enferment les "presides" de Ceuta et Mélilla en s'appitoyant sur le sort du Maroc spolié. Mais qui insistera sur les marchés juteux que la construction (et l'entretien) de telles barrières occasionnent? Qui dira haut et fort que les experts dans ce domaine sont les Américains (Hughes et Westinghouse pour les radars et autres gadgets électroniques) et mieux encore les Israéliens (la société israélienne Elbit est aujourd'hui la spécialiste des barbelés et barrages en tous genres). Ces mêmes Israéliens qui ont aidé le Maroc à construire son mur, un autre "mur de la honte", au Sahara Occidental. Mur dont je mets au défi les journalistes de France et de Navarre d'évoquer que par quelques mots, au mieux par quelques images. Les historiens (dont Michel Foucher) conviennent aujourd'hui, mais on peut en douter, que les dites barrières confortent le paradoxe du mur et de l'emmuré, un peu à la manière du maître et de l'esclave. Ainsi, celui qui enferme un peuple, que rien d'autre d'ailleurs n'empêche d'exister, devient lui-même l'exilé et l'abcès de fixation qu'il porte en son sein l'empêche de croître et de se développer. Après tout, dans la réaction violente de crispation que l'on constate aujourd'hui, dans le processus de régression entamé depuis l'annexion d'un territoire qui ne lui appartient pas, dans son isolement politique et diplomatique au Maghreb, en Afrique et dans le monde et malgré les indéfectibles alliances de la France et des Etats Unis, le Maroc n'est-il pas le parfait exemple de ce paradoxe, avec une éblouissante netteté?

L'an prochain à Smara.
DIEGO
31.10.09
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