13.2.09

Le criminel régime marocain

par Baba M. Sayed

En zappant avant- hier et hier à la même heure de l’après-midi, je suis tombé, avec un sentiment de réel bonheur, sur de vieilles connaissances que je croyais, jusqu’il y a peu de temps encore, que je ne verrai jamais, même pas en images. Il s’agit d’anciens compagnons de classe ou d’anciens membres, comme moi, des premières sections de l’union des étudiants sahraouis au Maroc; union que présidait jusqu’en 1976 - date des grandes rafles et des effroyables liquidations physiques opérées, au sein de la communauté sahraouie établie dans le sud du Maroc, par les autorités marocaines – l’actuel ministre de la fonction publique de la République Arabe Sahraouie Démocratique, Abeida Cheikh.
Et que faisait tout ce monde là ?
A l’invitation de leurs tortionnaires et des commanditaires de ces derniers, Ould Al-Heicen, Azaz, Al- Moujahid et bien d’autres anciens bagnards sahraouis dont je ne me souviens plus le nom, ont accepté de se prêter au jeu consistant à effectuer, sous les projecteurs du caméra de la première chaîne de télévision marocaine, al-Maghribya, un redoutable retour sur les lieux de leur détention à la prison d’Agdz, de sinistre mémoire.
De ce retour aux enfers, le Makhzen poursuivait plusieurs objectifs, et le premier d’entre eux est qu’il voudrait se faire absoudre, publiquement et par ses propres victimes, de ses abominables et inqualifiables crimes. Par ailleurs, en associant les médias marocains et les organisations –satellites des droits de l’homme à la conception et à la mise en œuvre de l’opération de charme, il vise à la faire apparaître, d’une part, comme une « chance » de « catharsis et de réconciliation » pour les survivants sahraouis du mouroir marocain, et d’autre part, comme la preuve de l’évolution et des progrès réalisés dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales par Royaume chérifien sous le règne de Mohamed VI .
Il est à noter cependant que le résultat était le contraire de ce qu’espérait et souhaitait les barbouzes marocains.
Les témoignages poignants livrés par les anciens bagnards et leur dureté ont constitué, par leur précision et leurs détails, une condamnation sans appel d’un régime marocain que l’on sait parfaitement insensible et inhumain et dont l’objectif visé, avec la guerre du Sahara Occidental en 1976, a été la liquidation physique massive de tous les Sahraouis.
Sinon comment expliquer que l’État marocain, au plus haut niveau, ait pris la décision d’enterrer pendant des années des familles entières dans des « trous », en leur faisant subir toutes les formes de tortures, physiques et morales, et les laisser ainsi mourir à petits feux sans secours ?
Comment accepter que des enfants, garçons et filles, soient placés avec leurs parents et grands parents dans une cellule exsangue, et obligés de faire leurs besoins les uns devant les autres à mettre le sol ou ils devraient passer, pendant, des années leurs nuits et jours ?
Les terribles témoignages et les difficiles conditions de détention des anciens bagnards d’Agdz, de Kal’at Amgourna, de la prison centrale de Kenitra et de bien d’autres mouroirs et centres anonymes doivent nous rappeler, nous Sahraouis, que la seule chance que nous avons de vouloir un jour vivre librement et dignement est de tout faire pour faire aboutir notre projet national et de faire échouer la politique expansionniste marocaine dans la région.
Car dans le cas contraire, et cela doit relever de l’évidence pour tous, nous aurions, en tant que génération, qui, a eu la grave et lourde responsabilité d’avoir encouragé les Sahraouis à s’engager dans le processus d’édification d’une nécessaire entité nationale, à même de les réunir et de les aider à préserver leur liberté et indépendance, perdu nos belles années pour rien et sacrifié du même coup l’avenir nos enfants
13.02.09
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