Mohamed VI doit éprouver les mêmes angoissants, pénibles et lourds sentiments ressentis par Nizam Al-Mulk1 il y a quelques siècles. Le sultan du Maroc, qui, a l’habitude de se faire obéir au doigt et à l’œil doit se sentir, à présent, après sa cuisante défaite devant Aminatu Haidar, honteusement humilié et désespérément seul. Il doit aussi avoir (la désagréable)certitude qu’il n’a été dans l’histoire d’Aminatu que le dindon de la farce. Celui qui a agit aveuglément sur les commandes de Fouad Al-Himma, cette main qui, pour reprendre l’expression de Nizam Al-Mulk, il n’a cessé, depuis son accession au trône, d’applaudir dans son dos.
Il y a quelques jours, nous avons relevé ici même dans cette rubrique que le « Le roi du Maroc Mohamed VI qui a fini par trouver dans l’Antigone sahraouie, Aminatu Haidar, un adversaire à sa mesure, a, semble-t-il, pris, pour éviter toute défaite probable dans son bras de fer avec elle, toutes les mesures et les précautions nécessaires. En plus de lui avoir fait savoir par la voie la plus autorisée, son ministère des Affaires étrangères, qu’il n’ autoriserait son retour, dans son pays et auprès des siens, qu’à la condition sine qua none qu’elle lui présente, en bonne et due forme, des excuses, Il a décrété, sur toute l’étendue du territoire marocain et de la portion que son armée occupe du Sahara Occidental, une mobilisation générale de toutes les institutions et rouages du Makhzen, ministères, partis politiques, médias, ambassades, armée et services du renseignement. » Nous avons également souligné que « consciente qu’elle n’a, décidément, plus rien à perdre que ses chaînes, et qu’elle a désormais tout à gagner, écraser et humilier ses inhumains et arrogants tortionnaires marocains, et attirer l’attention du monde sur les souffrances de son peuple, Aminatu Haidar, a montré, depuis son exil forcé de Lanzarote, qu’elle mesure, à sa jute valeur, le sens et l’importance du combat décisif qu’elle a été amenée à livrer au Makhzen et à ses puissants soutiens à travers le monde. »
Après plus de trente jours d’un bras de fer, implacable, avec le roi du Maroc, son Etat, ses institutions et ses amis et alliés, Aminatu Haidar a fini par gagner, haut la main, son pari, faire plier le roi du Maroc et l’obliger à revenir sur sa décision de violer ses droits en la maintenant longtemps éloignée de son pays et de ses enfants.
L’on comprend dans ces conditions le sens et la portée de la déclaration qu’Aminatu vient de faire à son arrivée triomphale à l’Aâiun, et à travers laquelle elle a tenu à affirmer, sûre d’elle et plus que jamais déterminée à reprendre le combat pour défendre sa dignité et celle de son peuple que « son retour chez elle, au Sahara Occidental, consacre la victoire de la légalité internationale, des droits de l’homme et du peuple sahraoui. »
A-t-on oublié que ce retour, longtemps considéré comme impossible par les autorités d’occupation marocaines, a été obtenu aux conditions déterminées et exigées par la Ghandi Sahraouie, c’est-à-dire comme un droit naturel et inaliénable dont elle doit, en toutes circonstances, disposer y compris contre la volonté d’un Etat marocain qui n’est, au regard du droit international, qu’une puissance administrante d’un pays dont le statut est encore à déterminer dans le cadre d’une incontournable décolonisation sous l’égide des Nations unies?
Aminatu a réussi, grâce à sa détermination légendaire et à la large solidarité internationale qu’elle suscitée à sortir la cause de son peuple de l’oubli où l’a maintenu l’infâme et piètre ancienne puissance coloniale espagnole, plus soucieuse de courir au devant des désirs de l’anachronique et féodale monarchie marocaine que de réparer l’inqualifiable et impardonnable injustice qu’elle a fait subir au peuple sahraoui dont le tort est, faut-il y insister, d’avoir pris au sérieux les engagements solennels de ses médiocres et véreux dirigeants.
En faisant un échec et mate au roi, Aminatu a montré à la classe politique marocaine et au monde entier que les Sahraouis sont un peuple déterminé et résolu, prêt à tout sacrifier plutôt que d’accepter d’abdiquer ou de perdre sa dignité et sa fierté.
Aminatu Haidar a ouvert, par ses sacrifices et sa force de caractère et de résistance, de larges perspectives devant la lutte du peuple sahraoui. Il appartient aux représentants de ce dernier d’en profiter pour affaiblir davantage l’État colonial marocaines et ainsi avancer, avec assurance et sérénité, sur la voie de la désormais inéluctable indépendance du Sahara Occidental
20.12.09
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