Partie 03 : La montagne qui a accouché de 04 souris !
par Ahmed Mahmud Baba
Comme pressenti auparavant, une quatrième délégation des défenseurs sahraouis des droits de
l’homme a déposé le 20 avril 2010 ses bagages à Alger avant de continuer vers les
campements des réfugiés sahraouis à Tindouf.
Selon les commentateurs de la RASD-TV, la délégation de DADDACH, troisième délégation,
vient de finir sa tournée dans les villes occupées du Sahara Occidental pour généraliser les
résultats de leur visite à Tindouf. La même opération a été effectuée, à un mois d’intervalle,
par la délégation de SABBAR. La direction actuelle du Polisario, espère tant une arrestation
des membres de ces délégations.
Mais les marocains ont montré qu’ils ne les arrêteront pas tant que le conseil de sécurité n’a
pas rendu sa résolution fin avril.
Tout porte à croire que le ministère des territoires occupés s’est transformé en une agence de
voyage pour les défenseurs sahraouis des droits humains des territoires occupés avec le même
circuit : 02 jours à Alger, une semaine ou deux dans les campements des réfugiés en visitant
toutes les institutions de la RASD et une tournée de 10 jours dans les villes occupées du
Sahara Occidental, qui se limite à des festins dans les maisons des heureux membres de cette
délégation. Tout çà est payé aux frais de la princesse bien sûr !
Et toujours nous posons les mêmes questionnements : l’utilité de ces visites et leurs apports
dans la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance?
Première déception :
Après que les prisonniers politiques sahraouis ont entamé une grève de la faim illimitée. La
direction du Polisario a sorti de son chapeau magique, une réponse inouïe à cette grève : une
commission nationale de suivi de cette grève. Depuis l’invasion marocaine du Sahara
Occidental, les prisonniers politiques sahraouis n’ont jamais arrêté de faire la grève de la
faim. Il ne se passe pas une année sans qu’il y ait au moins une grève de la faim entamée par
les prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines.
La question qui se pose est : pourquoi en 2010, la direction a mis en place cette commission ?
On espérait un changement ou un sursaut de la part de la direction sur le dossier des territoires
occupés.
Mais le paradoxe est que la majorité des membres de cette commission, excepté de trois
membres, occupent déjà des postes, soit diplomatique, soit dans l’exécutif de la RASD. On
s’attendait à du sang neuf, à avoir des personnes qui connaissent très bien les territoires
occupés, on se retrouve avec les mêmes qui sont en fonction depuis 1976 et qui ont brillé par
leur inefficacité.
Depuis sa création, cette commission a créé une adresse mail pour communiquer et tous les
jours, elle relate un rapport sur l’état de santé des grévistes. Durant les grèves de faim
précédentes, et depuis l’arrivée d’Internet, il y avait toujours des rapports quotidiens. Pour
ces modestes réalisations, est-ce qu’il est vraiment nécessaire de mettre en place cette
commission ?
Au même moment de cette grève de la faim, un éminent membre de cette commission est à
Abuja, capitale de Nigeria, depuis plus d’une semaine pour sensibiliser les nigérians sur la
situation des droits dans l’homme dans les territoires occupés. A comprendre que le Nigeria
est un modèle dans la matière et que ce pays pourra peser sur la scène internationale pour que
le mandat de la MINURSO soit élargi à la protection des droits humains au Sahara occidental.
Deuxième déception :
Le rapport du secrétaire général de l’ONU est une claque pour l’ensemble des sahraouis. Ce
rapport bien négocié par le Maroc, par le biais de l’Espagne et la France, constitue une
réponse sans ambiguïté aux tergiversations de la direction actuelle du Polisario, qui a trop cru
dans la communauté internationale et dans la carte des « droits humains » pour faire pression
sur le Maroc. Résultat : le rapport demande le recensement des réfugiés des camps de Tindouf
et place le Maroc et le Polisario au même niveau en ce qui concerne les violations des droits
humains au Sahara Occidental.
Troisième déception :
C’est la déclaration du ministre des affaires étrangères de la RASD. Dans un mélange du
genre entre la RASD et le front POLISARIO, OUELD SALEK nous a surpris avec une
déclaration très ambiguë et au deçà des attentes des militants sahraouis que çà soit dans les
camps des réfugiés ou dans les territoires occupés. Au même moment que l’état de santé des
grévistes sahraouis de la faim arrive à un état très critique, notre ministre des affaires
étrangères, qui passe apparemment plus de temps dans les avions que sur terre, n’a trouvé
mieux que de déclarer que le Polisario va « revoir ses relations avec la MINURSO ». Alors
que le dernier rapport de Baki MOON a suscité un grand débat parmi les militants sahraouis,
qui sont unanimes pour demander le gel des négociations et le retrait de la MINURSO tant
que celle-ci ne protège pas les militants sahraouis dans les territoires occupés. Et dans un
deuxième temps, préparer la reprise des armes, qui restent le seul moyen pour arriver à
l’indépendance de l’ensemble des territoires du Sahara Occidental.
Quatrième déception :
Devant la gravité de l’état de santé des prisonniers politiques sahraouis, le président de la
RASD a décrété pour samedi 17 avril 2010, une grève de la faim générale et un arrêt de
travail pour tous les sahraouis partout dans le monde. Depuis plus de 15 jours, des meetings
de solidarité avec les prisonniers sahraouis sont organisés dans toutes les DAYARAS des
camps des réfugiés sahraouis. Un grand rassemblement a été organisé samedi dernier avec la
présence même du président de la RASD.
Après cette journée de mobilisation, nous aimerions bien avoir une évaluation de son impact
sur la communauté internationale et comment ces actions contribuent à faire pression sur le
Maroc.
De plus en plus, il s’avère que les actions initiées par le ministre des territoires occupés et son
bras droit de LAS PALMAS, servent plus les intérêts marocains sur le dossier des droits de
l’homme que les intérêts des sahraouis. Avec les entrées et sorties, sans encombre, de ces
différentes délégations, le Maroc passe pour le meilleur élève de la région en matière de
respect des droits de l’homme.
D’aucuns dans les territoires occupés, pensent que la direction du front POLISARIO utilise la
carte des droits de l’homme pour mobiliser les populations sahraouies des camps des réfugiés
et gagner en notoriété et autorité.
Et il est clair que le gouvernement sahraoui et la direction du POLISARIO n’ont aucune
vision ni stratégie sur les territoires occupés.
Sans surprise générale, sauf un sursaut diplomatique extraordinaire de la part du Nigeria pour
faire pression sur la France, le conseil de sécurité va prolonger d’un an la MINURSO.
Chacune des parties, Le Front Polisario et le Maroc, trouvera un paragraphe satisfaisant dans
la résolution votée à l’unanimité. Et c’est parti pour une année de plus dans un processus qui
ne connaît pas d’issue. Le compteur tourne et nous allons bientôt fêter dans la plus profonde
douleur, le 20ième anniversaire de la MINURSO.
Nous espérons que la résolution d’avril 2010 sera l’occasion pour notre direction de faire le
bilan du processus du paix avec le Maroc et d’en tirer les conclusions qui s’imposent en
répondant positivement aux attentes et aux aspirations des sahraouis.
Mais connaissant les capacités de cette direction, il est sûr que la montagne va continuer à
accoucher d’autres déceptions sur les mois à venir.
Laayoune occupé,
Le 22 avril 2010
Ahmed Mahmud Baba
Ahmed.mahmud.baba@gmail.com
--------------
Este texto expresa la opinion del autor y no de los moderadores del foro.