par Ahmed Mahmud Baba
Jamais deux sans trois! Et voilà une troisième délégation d’activistes et de défenseurs des droits de l’homme des territoires occupés qui refont le même voyage, que celle qui vient de rentrer dans les territoires occupés, dans les campements des réfugiés sahraouis et dans les territoires libérés.
Et toujours, nous avons les mêmes interrogations dans les territoires occupés : quel est le l’objectif de ces visites et qu’est ce que çà rapporte de plus à notre lutte ?
Au retour de la délégation de février, les marocains ont réagi, il faut le signaler, avec intelligence. Ils continuent à gagner des points sur leur scène intérieure en organisant des réunions d’information sur cette visite avec les partis politiques, pour maintenir ce consensus politique et continuer à piéger tous les acteurs politiques. Et au niveau international, le Maroc continue à passer pour le pays qui fait des « efforts » dans le respect des droits de l’homme.
La délégation de février, celle de Brahim SEBBAR, a fait le tour de toutes les villes en se rendant principalement dans les maisons des membres de cette délégation. La plupart des militants n’ont pas été informé de leur passage dans les villes sahraouies.
Certes, il y a eu cette intervention barbare des forces de l’ordre marocaines, que nous condamnons avec force. Mais les images montrées par la télévision sahraouie, RASD-TV, sur la manifestation montre qu’il y avait uniquement 10 personnes qui manifestaient avec le drapeau sahraoui et que beaucoup de sahraouis les regardaient sur le trottoir en face, sans s’intéresser à leur manifestation.
Ces images reflètent clairement l’état de mobilisation des militants des territoires occupés : beaucoup ont gelé leur activisme et refusent de participer à des Sit-In téléguidés depuis LAS-PALMAS, ou par une délégation qui fait une tournée après un séjour en Europe ou aux campements. Il n’y a qu’à voir l’accueil froid réservé au retour d’Aminatou HAIDAR, pour le comprendre. Nous n’avons pas vu des manifestations de liesse populaire à son retour ni à l’arrestation du groupe de 07 sahraouis, qui sont toujours en prison de Salé en attendant leur procès devant un tribunal militaire.
Les militants des territoires occupés veulent organiser des actions et des activités qui correspondent à une stratégie et une vision globale de la situation dans les territoires occupés et à l’intérieur du Maroc, et qui s’inscrivent dans un agenda et un plan d’actions de court et moyen terme. Ils refusent de passer pour les marionnettes du ministre des territoires occupés et de son lieutenant de LAS PALMAS. Dans les territoires occupés, il y a des intellectuels, des universitaires, des médecins, des cadres, des militants, des syndicalises, des étudiants, des hommes et des femmes, qui réfléchissent et qui ont de la matière grise et n’acceptent pas d’obéir à des décisions émanant des personnes qui ignorent totalement ce qui se passe dans les territoires occupés et à l’intérieur du Maroc.
La réalité aujourd’hui dans les territoires occupés, est que la plupart des militants boycottent toute les actions et les initiatives dictées par la direction du Front Polisario. Tout le monde est unanime dans les territoires occupés que le Front Polisario est l’unique et légitime représentant du peuple sahraoui. Depuis 2003, une majorité de militants ont suspendu leur activisme. Et la majorité des sahraouis dans les territoires occupés ont déserté l’action politiques en faveur de l’indépendance du Sahara, et s’occupent de leurs conforts quotidiens en attendant de voter lors d’un éventuel referendum d’autodétermination.
Revenons à cette troisième délégation, celle de Sidi Mohamed DADACH : qu’est-ce qu’ils vont faire de plus que le programme réservé à de la délégation de février. Ils vont visiter les mêmes willaya, ils auront le même accueil populaire partout où ils passent. Ils visiteront les mêmes institutions de la RASD. Et à leur retour ils feront une tournée dans toutes les villes du Sahara Occidental. Et quelle est la finalité de tout çà?
Encore une fois le Maroc ne va pas arrêter cette délégation à son retour, et il passera aux yeux des occidentaux comme le seul pays de la région qui fait des efforts énormes dans la promotion des droits humains.
Au moment où les libertés régressent au Maroc : arrestation de journalistes, fermeture de journaux, l’affaire du colonel de l’armée TERHZAZ, un pouvoir de plus en plus concentré entre les mains d’une pognée de personnes. Au moment où beaucoup de démocrates marocains s’inquiètent de ce revers du régime marocain, les responsables sahraouis continuent à faire défiler ce genre de délégation, qui ne servent en fin de compte que l’ennemi : le régime marocain.
Il est inutile de rappeler l’agenda qui attend le Maroc : visite de Christopher Ross dans la région, session du Conseil de Sécurité sur le prolongement de la MINURSO.
Par inconscience ou par naïveté politique, nos responsables sahraouis sont en train de faire le plus beau cadeau au Makhzen : Le Maroc est en train de se faire racheter une virginité sur le dossier des droits de l’homme grâce à nos délégations qui partent à Tindouf et qui rentrent sans problème. Le régime marocain et ses lobbys de marketing politique n’hésiteront pas à mettre en avant l’argument de ces sorties et entrées des militants sahraouis, pour défendre leur volonté et leurs actions en faveur du respect des droits de l’homme.
Au lieu d’organiser et de coordonner les actions militantes dans les territoires occupés, on invite les militants dans les campements pour passer des séjours/vacances. Et au même temps pour créer un engouement populaire au tour de ces visites, dans le but de présenter des actions et activités nouvelles , pour la célébration du 34ièmre anniversaire ou pour la conférence internationale sur les femmes sahraouies.
Et à chaque fois, nos responsables se trompent de cible….
Laayoune occupé,
Le 22 mars 2010
Ahmed Mahmud Baba
Ahmed.mahmud.baba@gmail.com
[voir aussi ; partie 01]
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