par Baba Mustapha Sayed
Il y a quelques mois, le peuple palestinien a été appelé à renouveler, au cours d’élections présidentielles et législatives, ses institutions politiques et sa direction. Si le « réaliste » Mahmoud Abbas a pu conserver la présidence du mouvement, son organisation le FATAH a cependant perdu, pour la première fois, sa prédominance et son hégémonie au sein de la résistance palestinienne.
En effet, les élections législatives, libres et transparentes et dont la régularité a été attestée par les observateurs étrangers massivement présents sur les lieux, ont été remportées par le mouvement Hamas, moins accommodant avec l’État d’Israël (et ses alliés étrangers et arabes) et plus intègre moralement que la formation du président palestinien.
Le résultat de ces élections législatives palestiniennes a été considéré par Israël et ses alliés dans la région et ailleurs, comme un désastre, une catastrophe. Plus précisément et en ternes crus, une intolérable et sérieuse menace pour leur sécurité et la pérennité de leur suprématie et de leur sécurité.
Mais que faire, alors que pendant des décennies les grandes démocraties occidentales ne tarissaient d’éloges sur la grande nation israélienne qui, seule dans la région, a été en mesure de donner naissance à une démocratie ?
Que faire, face à l’expérience de Hamas, alors que pendant des siècles, les travaux de recherches, encouragés, voire subventionnées dans les Universités occidentales tendent toutes à démontrer une équation simple : la condition du développement et du progrès est la démocratie et puisque l’islam ne peut se conjuguer avec la démocratie, le monde arabe et musulman ne peut connaître de progrès, du moins aussi longtemps qu’il accepte de demeurer musulman ou de se réclamer des principes de l'islam
Que faire, alors que l’on venait de célébrer partout, après la chute du mur de Berlin et la désagrégation de l’empire soviétique, les bons effets de la démocratie et de la démocratisation ?
Après quelques hésitations, Israël et leurs alliés occidentaux ont jugé que leurs intérêts dans la région sont plus importants que le respect de quelques principes et valeurs démocratiques que l’on sait depuis la mémorable expérience « démocratique » d’Athènes du V siècle avant J.C – qu’ils n’étaient, après tout, pas destinés à l’usage des « barbares »; barbares qui ne devraient pas être poussés ou encouragés à adopter.
On connaît la suite. Gaza a été soumise à un blocus sans précédent dont l’objectif était de punir, dans un premier temps, ses habitants pour leur « mauvais choix » électoral, de les convaincre, ultérieurement, par « la faim » et la mort lente, de s’en repentir et de faire amende honorable en ratifiant les accords d’Oslo, de reconnaître l’État d’Israël et de ne pas contester sa politique d’occupation.
Entre l’humiliation et la mort lente, la dignité et la mort debout, les habitants de Gaza ont courageusement fait leur choix
C’est un choix qu’ils paient au prix fort depuis deux semaines, plus des centaines de morts et des milliers de blessés, pour la majorité d’entre eux des femmes et des enfants. Un lourd bilan appelé, si l’on juge par la cadence des bombardements massifs et aveugles des engins de guerre israéliens et le lâche et odieux silence des capitales arabes, à augmenter dans les prochains jours
Mais Gaza, l’indomptable n’en a cure. Elle sait que c’est la rançon à payer, pour que ses enfants ne soient plus, à l’avenir, traités comme du bétail, pour réfuter la propagande mensongère des tenants de la théorie que l’islam est incompatible avec la démocratie et, enfin, montrer que le régime ethnique israélien n’a aucune leçon d’humanisme ou de civisme à donner au reste du monde et encore moins à ceux et à celles qui ont la malchance de se trouver sous son occupation.
11.01.09
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