par Maître Takioullah Eidda
Le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, vient d’effectuer une visite en Mauritanie, en Algérie, dans les camps de réfugiés du F.Polisario et, en partie, au Sahara Occidental, excluant le Maroc.
Il ne fallait pas plus pour que ce dernier qualifie les déclarations de Ban Ki-Moon de «dérapages verbaux, de faits accomplis et de gestes de complaisance injustifiés».
Pourtant, Ban Ki-Moon n’a fait qu’exprimer une réalité évidente, à savoir le pourrissement de ce conflit, qui dure depuis 40 ans, avec l’absence de perspective de solution à l’horizon! D’ailleurs, c’est ce que son envoyé spécial, Chritopher Ross, a déjà dit et redit à plusieurs reprises.
En effet, toutes les rondes de négociations, entamées depuis l’instauration du cessez-le-feu en 1991, ont tourné en queue de poisson et au blocage hermétique. Si bien qu’il est permis de se demander si le Maroc et le F.Polisario veulent vraiment trouver une solution ou si, en revanche, ils ne cherchent pas à maintenir le statuquo pour des raisons propres à chacun, mais loin de l’intérêt du peuple sahraoui et de la paix dans la région.
À y regarder objectivement, le F.Polisario est dépouillé de toute initiative, si bien que ses dirigeants préfèrent le statuquo dans une «république virtuelle» à une solution dans laquelle ils seraient tenu de partager le pouvoir avec les sahraouis se trouvant à l’intérieur du territoire. Quant à ces derniers, ils jouissent de beaucoup de privilèges et avantages accordés par Maroc qu’ils craignent de les perdre avec un règlement définitif du conflit!
Alors, que faire? C’est au Maroc, de trouver une solution acceptable qui permet au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination et ainsi répondre aux impératifs des résolutions de Nations-Unies, notamment la résolution 1514 de 1960.
Car à ce jour, le Maroc est incapable de valider son annexion du Sahara Occidental, au point de rester sans aucune reconnaissance internationale de sa souveraineté sur le territoire, pas même de ses plus grands alliés: la France, l’Arabie Saoudite t les pays du Golf.
Considéré comme simple «puissance administrante du Nord du territoire» depuis 1975, puis enchevêtré dans le carcan juridique onusien, le Maroc est qualifié aujourd’hui par la Cour Européenne de «puissance occupante», de sorte qu’il ne peut commercialiser aucun produit venant du Sahara Occidental avec le label «produit du/au Maroc». Et, les réserves de ses partenaires à cet égard se multiplient les unes après les autres. On n’a qu’à citer plusieurs pays européens, y compris les pays scandinaves!
Certes, le Maroc a proposé au F.Polisario un plan d’autonomie élargie, avec des instances autonomes mais du coup, il le dénigre, le décrédibilise à outrance, lui nie sa légitimité, voire son existence, le qualifiant même de mouvement terroriste, au point de l’obliger à se radicaliser davantage.
Pourtant, analysée objectivement sur le plan pratique de son application, l’autonomie proposée par le Maroc porte intrinsèquement dans ses plis et son sillage la reconnaissance implicite du F.Polisario. Autrement, cette proposition resterait inapplicable, puisque le Maroc ne peut négocier avec lui-même la mise en œuvre de celle-ci!
Il est donc dans l’intérêt du Maroc de trouver une solution, en négociant de bonne foi et en cessant de fertiliser les conditions de son adhésion à toute proposition, chaque fois qu’une solution pointe à l’horizon.
C’est de cette façon qu’il peut se libérer de ce conflit qui n’a que trop duré et permettre, par ailleurs, aux vrais nationalistes sahraouis du F.Polisario de se libérer des griffes des ennemis de la paix.
Maître Takioullah Eidda, avocat
quebec171[at]gmail.com
Québec, Canada
11.03.16
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