L’épreuve de vérité arrive

par Salah Khatri

Il nous faut savoir être critique là où des engagements sont paradoxaux face aux valeurs qui nous défendions.
La crise organisationnelle, intellectuelle du F.Polisario c’est un retard culturel de la société Sahraouie, l’image du F.Polisario aujourd’hui est terriblement dégradée, et c’est de là qu’il faut partir, certains parient sur les difficultés du Maroc présents et à venir, et considèrent que les conséquences de sa politique pourraient s’avérer désastreuses assez rapidement ; disons qu’il ne sert a rien d’expliquer les impasses de pouvoir Marocain, si cet effort n’est pas inscrit dans une vision de ce que peut être le future du F.Polisario.
D’autres, avec des espoirs semble-t-il, envisagent un succès à l’élection dans le prochain congrès qui suffirait une place dans le comité national, mais ce succès ne témoignera en aucune façon d’une capacité à penser l’avenir et le préparer à un échelon national. Parce que les élections n'ont jamais été démocratiques, les personnes sont désignées d’avance et le congrès ce n’est qu'un spectacle de loisir parmi d'autres. Pourquoi donc, une politique qui a échoué dans les années 1988-2007 réussirait-elle dans les années à venir ?
Elle n’a apporté ni bien être pour tous, bien au contraire, cette politique favorise une détérioration de la solidarité et l’aggravation de la pauvreté, de l’injustice sociale, de la corruption et du trafic de l’aide humanitaire. Une société 0ù le pouvoir est là depuis plus de 30 ans sans avoir à faire preuve de mérite, un pouvoir qui n’a jamais présenté un rapport budgétaire ni aux congrées ni au parlement, cette dérive est nuisible pour nos institutions et peu compatible avec l’idée que nous nous faisons d’une démocratie fondée sur l’équilibre et la séparation des pouvoirs. Rarement un pouvoir aura à ce point manqué d’ambition sur le plan social, d’éducation, de la défense, de la justice, et de la culture, etc. Si l'objectif suprême du peuple Sahraoui est l'Indépendance, il est menacé aujourd'hui par le silence du F.Polisario lors de Manhasset 2 à la dernière proposition marocaine de partage du territoire du Sahara occidental comme solution équitable du conflit. Pourquoi tant de silence sur cette proposition ? ET pourquoi ce silence total et l'absence d'un débat public sur ce qui passe dans les négociations de Manhasset. Le discours politique du F.Polisario ne me semble pas être aujourd’hui d’une capacité de créer une dynamique générale.
Le peuple Sahraoui attend maintenant du F.Polisario des signaux qui peuvent donner confiance dans le projet politique. Un projet politique qui donne la priorité à la démocratie, à la liberté individuelle et collective, et à la transparence de l’utilisation de bien publique. N’est-il pas possible qu’un processus nouveau se mette en place au sein du F.Polisario qui serait porté non par une écurie de pouvoir, mais par un collectif nouveau représentatif qui se présenterait comme soucieux de dessiner un futur possible pour le peuple Sahraoui. Plutôt que de se livrer aux jeux des stratégies centrées sur des personnes, une telle perspective implique la transparence politique, budgétaire et la déclaration du bien de tous les élus du comité national.
Il faut donc réfléchir aux conditions qui rendront possible un départ général de l’intérieur du F.Polisario et de son dynamisme interne, pour cela nous devons relever trois grands défis :
- le premier est de savoir qui nous sommes face à l’enjeu régional, notre rapport au monde, notre engagement et notre contrat social que nous voulons promouvoir.
- Le second défi est celui de la démocratie, la transparence politique, de savoir comment nous les gagnons.
- Le troisième défi est celui de notre programme fondamental dans lequel nous débattons sur les grandes orientations que nous nous assignons pour les années à venir, et qui donnent de la cohérence, de la force à notre action politique. Il faut y voir clair sur qui fait quoi et avec quels moyens.
Si nous parvenons à apporter des réponses sur ces trois sujets-là, je pense que notre rénovation aura été utile. J’espère que le prochain congrès, et ensuite les élus qui porteront des valeurs seront capables de faire prospérer une voix collective, une voix unique portant un sens commun, aujourd’hui, les gens ont besoin d’être entendus, ce débat est vital pour notre société, sans une révision profonde des orientations suivies depuis 17 ans et un pouvoir depuis plus de 30 ans, le peuple Sahraoui demeurera la société le plus malade du monde.
Pour sortir de ces sables mouvants, le prochain Congrès sera notre seule occasion de dire la vérité, toute la vérité sur les questions politiques, sociales, économiques ainsi que sur notre passé, présent et futur.

Salah Khatri
17/11/07
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