par Maître Takioullah Eidda
Le blocage actuel dans le conflit au Sahara Occidental est dû à deux éléments: l’impossibilité du F. Polisario de reprendre la lutte armée; et, la volonté de la France de bloquer toute initiative onusienne visant à organiser un référendum d’autodétermination.
Dans les deux cas, seule l’Algérie, et uniquement elle, possède les clefs de la solution.
I- BLOCAGE DE L’ALGÉRIE À TOUTE REPRISE DES ARMES :
Depuis le cessez-le-feu de 1991, plusieurs pensent que le Polisario n’a plus la capacité humaine, ni les moyens matériels qui lui permettent de reprendre les hostilités avec le Maroc.
Il est vrai que le cessez-le-feu a créé une atmosphère et des conditions de ni paix ni guerre, au point que la majorité des éléments de l’armée de libération sahraouie se sont démobilisés, sans parler des leaders expérimentés, dans la lutte de guérilla, comme Ayoub Lehbib, qui ont carrément abandonnés le mouvement sahraoui pour regagner le Maroc.
Il faut dire, par ailleurs, que l’élément humain de l’armée sahraouie n’est pas en lui-même le seul point d’achoppement.
Il y a aussi et surtout une incapacité matérielle évidente. Depuis 1991, la situation de l’Algérie, soutien principale du Polisario, a beaucoup changée. En effet, après les années de braises, Bouteflika fut élu Président de ce pays, pour y rester jusqu’à aujourd’hui.
Or, depuis son arrivé au pouvoir, des langues se dilatent en Algérie, ici et là, pour exprimer le refus de l’Algérie de permettre au Polisario d’utiliser, de nouveau, son territoire comme base militaire arrière de repli.
Le premier haut responsable algérien à avoir exprimé clairement ce refus sur les ondes de la chaîne d’El Jazeera, fut le général Khaled Nazarr, ancien Ministre de la défense.
Puis, c’est au tour du Président Abdelaziz Bouteflika, cité par Wikileaks, de déclarer que «Le Polisario ne peut pas faire glisser l’Algérie dans la guerre. Si ils (les Sahraouis) décident de se battre «sur leur propre territoire», ce serait leur décision. Mais, ils ne seront pas autorisés à mener leurs opérations militaires au Sahara occidental et ensuite retourner en Algérie comme base arrière (notre libre traduction du paragraphe 6).»
Il y a donc une forte présomption que l’aide militaire algérienne au Polisario est diminuée substantiellement, voire suspendue, en conséquence de cette position.
Et comme la Libye n’est plus là pour pallier à cette situation, le Polisario doit se contenter du peu de matériels qu’il possède depuis le cesser le feu en 1991.
Il est donc impossible, sur le plan pratique, pour le Polisario de mener, avec succès et dans la durée, une guérilla d’usure sans l’aide logistique de l’Algérie et sans une base arrière de repli.
L’Algérie se dresse, en quelque sorte, devant la volonté des Sahraouis d’imposer une issue au conflit par la voie des armes.
Ceci est d’autant plus vrai, si on prend en considération d’autres facteurs d’intérêts majeurs pour ce pays.
D’abord, il y a la question des frontières, où l’Algérie presse le Maroc à reconnaître définitivement et officiellement l’intangibilité de celles-ci, comme convenu dans le Traité d’Ifran de 1969 et dans la Convention sur le tracé frontalier du 15 juin 1972. Ces instruments juridiques n’ont jamais été ratifiés par le Parlement marocain, lequel parlement refuse de les traiter si ce n’est en contrepartie de concessions relatives au problème sahraoui.
Puis, il y a le gazoduc en provenance du Sahara algérien, à destination de l’Espagne, qui passe au Nord-Est du Maroc, sans oublier les réseaux électriques interconnectés des deux pays.
La solution du conflit est, en conséquence, en grande partie, entre les mains de l’Algérie, si bien que le F.Polisario est réduit à la pièce du ressort qui subit la pression, mais dépouillé d’initiative.
II- L’ALGÉRIE N’USE PAS DE SON POIDS POUR INFLUENCER LA POSITION FRANCAISE
Évidemment, entre la France et l’Algérie il y a une longue Histoire. Cette histoire est parsemée de tragédies et d’intérêts que chacun des deux pays essaie de faire peser lourdement sur l’autre.
C’est probablement la raison pour laquelle la France tient à renforcer la position du Maroc et son influence dans la région, toujours dans le but d’atténuer, voire contrecarrer, le poids de l’Algérie. Car, en ces temps difficiles, l’économie de la France est, en partie, dépendante de son difficile et récalcitrant partenaire algérien.
En effet, selon «Trésor de France », «En 2014, la France est le second fournisseur de l’Algérie après la Chine, avec une part de marché de 11% et des exportations d’un montant de 6,3 Mds €.
Les principaux postes d’exportations françaises demeurent les céréales (20,2%), les véhicules automobiles (12,2%) et les produits pharmaceutiques (11,1%).
En retour, les importations françaises en provenance d’Algérie (6,7 Mds €) se composent à 95% d’hydrocarbures.
La France est également le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie avec un stock d’IDE estimé à 1,94 Md € et près de 850 entreprises françaises sont présentes en Algérie.
L’Algérie est en 2014, le 14ème client de la France, son premier client dans le monde arabe et son troisième client hors OCDE après la Chine et la Russie. »
L’Algérie détient donc un levier économique d’une grande importance sur la France, mais elle refuse ou néglige de l’utiliser pour fléchir la position hostile de celle-ci dans le dossier du Sahara Occidental au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU.
III- CONCLUSION
Dans le conflit du Sahara Occidental, la position de l’Algérie est à la fois juste, mais aussi opportuniste et hypocrite.
D’un côté, l’Algérie remplit parfaitement ses obligations internationales, en abritant les camps des réfugiés sahraouis, en leur apportant l’assistance nécessaire, et ce, dans des domaines aussi divers et vitaux que l’éducation, la santé et la sécurité.
Elle maintient aussi une position ferme quant à l’affirmation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination par voie d’un référendum juste, crédible et transparent. Et, cette position, l’Algérie l’a défend au sein de toutes les organisations internationales et devant tous les forums mondiaux.
Par contre, l’Algérie a muselé l’initiative militaire du mouvement sahraoui, pièce maîtresse de son destin, et conditionné la solution du conflit du Sahara Occidental à la solution de ses propres problèmes avec le Maroc, mais aussi à ses propres intérêts stratégiques !
Il est donc raisonnable de se poser la question suivante: l’Algérie veut-elle réellement une solution durable au conflit du Sahara Occidental ? Peut-être pas pour le moment !
Mais, une chose est certaine, depuis la mort du très regretté Houari Boumediene, le soutien de l’Algérie au Polisario est resté drapé dans le principe de l’humanitarisme et du droit à l’autodétermination, plutôt que de s’exprimer dans la rectitude révolutionnaire.
En d’autres termes, ce pays a choisi les apparences et la voie de l’aboiement à celle de l’action, ce qui est dommage pour le peuple sahraoui!
Maître Takioullah Eidda, avocat
Montréal, Canada.
eidda.avocat@eidda.ca
11.10.16
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11.10.16
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6 comentarios:
Comentario enviado por Emhammed Ali Al Ghasi
Muy estimado amigo Takio uld Eidda, ante todo le mando mis mas sinceros saludos.
Su analisis referente a la posicion de Argelia en lo que incumbe la reanudacion de la lucha armada por parte de los saharauis, creo que es mas teorica que realista. Tomar como referencia informaciones de Wikileaks para un tema tan serio, como el reinicio de la guerra, no creo que es sificiente.
Por otra parte, si vamos por asuntos de finanzas, economia o problemas internos y externos, Marruecos es sin duda alguna el perdedor.
Le recuerdo amigo Takio, que ni los saharauis, ni los argelinos quieren la guerra, pero como sabe, quien esta haciendo todo para provocar la reanudacion de las hostilidades belicas es justamente Marruecos alentado y apoyado por Francia y los paises del Golfo.
La situacion regional ha cambiado mucho recientemente y Argelia, como bien sabe, tiene uno de los mejores ejercitos de Africa y del mundo Árabe. Con solo parte de la logistica de una region militar de ese pais, los saharauis conseguiran poner a Marruecos en graves apuros. Tambien le dire que el Frente Polisario si que dispone de medios humanos y belicos suficientes, basta con ver las fotos recientes de los desfiles militares del ejercito saharaui.
Los saharauis estimado Takio, si que tienen el derecho de recibir todo tipo de ayuda incluida la militar, para recuperar su tierra, asi lo estipula el derecho internacional. Todos los Movimientos de liberacion tuvieron aliados como Argelia con los saharauis, asi como mantuvieron sus bases en tierras de esos paises aliados. Quien en este caso contradice el derecho internacional, es justamente Marruecos y todos los que le brindan apoyo para continuar su ocupacion al territorio de la Rasd.
Un cordial saludo de su amigo Emhammed Ali Al Ghasi
L´ALGÉRIE BLOC LA REPRISE DE LA LUTTE ARMÉE AU SAHARA OCCIDENTAL
I- BLOCAGE DE L’ALGÉRIE À TOUTE REPRISE DES ARMES
La sola idea de imputar a la República Argelina, una posición de bloqueo, implica NECESARIAMENTE que, en la mente del autor, anida la idea de que es esa República la que tiene la llave original.
Cómo es posible que un elemento, ajeno al conflicto, pueda tener capacidad de bloquear su devenir o evlución? Claro. Para alcanzar semejante conclusión es preciso haber interiorizado la idea de que Argelia NO es ajena, al revés, es parte del conflicto. Argelia es parte del conflicto y, por tanto, puede bloquear su evolución. Más aún, esas afirmaciones proceden de la creencia de que Argelia es quien ha generado este conflicto ‘artificial’ y, por tanto, puede bloquear su devenir.
Nunca hubo tanto desprecio a la Resolución 1514, condensado en tan escasas líneas.
Al diablo con Argelia y, también, con el Polisario. El pueblo saharaui es el titular del derecho. Esto es así, ayer, hoy y mañana. Y quiera Argelia o no, quiera el Polisario o no, en cualquier momento el pueblo saharaui puede empuñar las armas (las piedras) para reanudar la guerra.
Entonces, Argelia, la revolucionaria Argelia, vendrá a ofrecer su generosa ayuda de todo tipo.
“Dans les deux cas, seule l’Algérie, et uniquement elle, possède les clefs de la solution”.
Cuesta creer que estas palabras no hayan salido de la map.ma, sino de la boca de un abogado, afincado en Canadá, que recientemente ha participado, en apoyo de la Causa saharaui, en la sesión de trabajos de la IV Comisión de NNUU.
Qué habrá detrás de esa pretensión de aprehender la verdad, sin tenerla? Porqué se atreve el autor a realizar semejantes afirmaciones, cuando el sustrato esencial de su argumentación es tan inconsistente?
“La solution du conflit est, en conséquence, en grande partie, entre les mains de l’Algérie, si bien que le F.Polisario est réduit à la pièce du ressort qui subit la pression, mais dépouillé d’initiative”.
Decir eso sin exponer los argumentos irrefutables que lo corroboren, es servir de caja de resonancia a la propaganda marroquí, es asumir el papel de “abeid elkedia”.
Haddamin Moulud Said
@Haddamin Moulud Said & Emhammed Al Ghasi,
Je vous invite à bien lire l'article et à relire sa "CONCLUSION".
Croyez-moi, j'aurais aimé faire une analyse plus positive de la situation.
Malheureusement c'est le constat amer qui s'impose de lui-même: l'Algérie n'est pas intéressée à ce que les hostilités militaires reprennent entre le Polisario et le Maroc, et ce, pour des raisons structurelles, stratégiques et géopolitiques!!! Évidemment, cette position conforte allègrement le Maroc.
Je pense qu'il est temps de dire la vérité de cette position, hypocrite, à nos frères algériens et combien elle est difficile à accepter.
Je comprends que c'est difficile pour chaque sahraoui, doué du moindre sentiment national, mais cela est nécessaire, compte tenu du cul-de-sac devant lequel se trouve aujourd'hui le peuple sahraoui.
Aujourd'hui, le devoir de chacun de nous est de crever les abcès, pillants seraient-ils, afin que le peuple sahraoui puisse exercer son droit à l'autodétermination et décider de son destin.
Maître Takioullah Eidda
Comentario de Emhammed Ali Al Ghasi a la respuesta del letrado Takio Eidda
Estimado amigo Takio
Argelia como sabe amigo Takio, fue protagonista de una guerra de liberacion que culmino en las negociaciones con Francia, negociaciones que llevaron al hermano pais a la independencia. Nuestros hermanos argelinos conocen mejor que nadie a Marruecos y saben, que si los saharauis estan obligados a retomar las armas, es justamente el mejor momento para ello. Estimado Takio, usted se baso en los factores: estructurales, estrategicos y geopoliticos para demostrar que Argelia no le interesa la reanudacion de la lucha armada, la verdad es que ese pais esta en mejor posicion que Marruecos y ello en todos los dominios, sea en lo militar, estructural, financiero, geopolitico u otro.
Retomare la idea del compatriota y letrado Haddamin en su comentario a tu articulo, Haddamin y con mucha razon, indico que la lucha armada incumbe unica y exclusivamente al pueblo saharaui y que este, se defendera aunque sea con piedras.
Por otra parte, el Frente Polisario en su acertada e inteligente respuesta a Marruecos en Al Gargarat, no refleja ni la mas minima debilidad ni tampoco Argelia hizo muestras de rechazo a esa posicion del Polisario.
Segun nuestras informaciones, los saharauis disponen de medion belicos muy modernos que capaces de llevar a Marruecos a la derrota final. Como sabra, las bases de retaguardia de ese Movimiento estan en Tinduf, pues no es logico que los hermanos argelinos dejen a los saharauis seguir formando y armando a sus combatientes sobre su suelo , si no fuera con el beneplacito de ese pais hermano.
Saludos de tu amigo Emhammed Ali Al Ghasi
@Emhammed Al Ghasi
Tout ce que vous dite de l’histoire de l'Algérie est vrai.
Mais, l’Algérie de 1954 ou celle de 1975 à 1978, n’est pas l’Algérie de 2016, loin de là!
Ayons un minimum de lucidité et d’objectivité, si bien qu’il ne faut pas confondre "angleterre" et "pomme de terre"!
Au nom du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, les voix libres dénoncent l’occupation marocaine du Sahara Occidental, tout comme elle dénoncent la faiblesse et les limites, voire la domesticité, du leadership actuel du F.Polisario.
Alors, pour être conséquent, il faut dénoncer, l'inertie et la position hypocrisie et opportuniste de l’Algérie.
Je vous le concède, il n'est pas dans la culture ancestrale des sahraouis de dénoncer l'hôte, surtout quand les visiteurs sont encore sous sa tente, mais l'hôte, comme c'est le cas de l'Algérie, semble s'accommoder et tirer avantage, cyniquement, de ses visiteurs!!
Maître Takioullah Eidda
comentario enviado por Emhammed Ali Al Ghasi
Estimado amigo Takio
Quien da la orden de abrir fuego en caso necesario, a sus combatientes desplegados en Al Gargarat, no pienso yo que es debil y menos „domesticado“ como dices amigo Takio.
Argelia no es Marruecos, sabe bien que Marruecos depende en muchos casos y asuntos, de sus distintos „amigos“.Mientras que Argelia , desde su independencia en 1962, siempre rechazo estar bajo la tutela de nadie, recuerda que ese pais pago toda su deuda externa, ademas de mantener una politica internacional totalmente libre e independiente. ¿ De donde saca vos su conclusion ? Si las propias autoridades marroquies culpan a Argelia de buscar desestabilizar su pais mediante el rearme y entrenimiento de los combatientes saharauis.
Saludos cordiales de tu amigo Emhammed Ali Al Ghasi
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