26.10.15

La pluie ou l´effet d´une campagne électorale

par Najem Ould Zoubeyr

Les pluies qui se sont abattues dernièrement sur les campements des refugiés saharauis ont causé de grands dégâts matériels et moraux. Les affectés ?L'écrasante majorité silencieuse, celle dont les lieux de résidence sont précaires : des tentes de toile mille fois rapiécées , des maisonnettes en briques séchées construites par des femmes souvent sans soutien matériel. Tout a fondu sous les pluies diluviennes, comme si rien n'existait ici et là. C'est la désolation à l'extrême, un sauve-qui peut… Désorienté, gagné par la peur d´un naufrage, tout le monde crie au secours, implore la grâce d´Allah Le Tout-Puissant. Tous, comme en compétition de marathon, courent à la recherche d´un monticule de sable pour se mettre à l'abri de cette nouvelle invasion de l'eau qui rappelle, de triste mémoire, il y a 40 ans, l'invasion militaire marocaine de notre pays.
Devant cette image hallucinante, certains responsables en perte de crédits, y trouvent la meilleure aubaine de redorer leur blason, exploiter à profit la misère des démunis pour se faire élire ou réélire dans le prochain congrès. On les voit courir dans tous les sens pour aider les gens à sortir des zones marécageuses, à visiter les familles sans abris et leur montrer avec beaucoup d´hypocrisie leur peine et un faux semblant de solidarité. Au lever du soleil, ils sont là, très visibles avec leur épouvantail, distribuer les consignes au lieu des vivres, multiplier les promesses… mais au coucher du soleil, ils disparaissent dans l'obscurité et s'envolent à tire d´ailes pour se nicher dans leur fortification en béton armé construite sur le dos de ceux que la pluie a démunis de tout, de ceux là-mêmes qui attendent sur des terrains nus de quoi se protéger contre le froid et trouver de quoi manger ne serait-ce qu'à mi faim.
Cet activisme tout azimut des « nouveaux-anciens » responsables, rien que pour se frayer une bonne et due place au sein de la « nouvelle » direction qui n'est ni plus ni moins que le reflet ou la transposition de l'ancienne Nomenklatura.
Après la pluie, le bon temps ! On l´'espère pour tout le monde et surtout pour ceux qui ont enduré le calvaire de cette catastrophe naturelle. Mais force est de constater que le vent de ce bon temps va souffler de nouveau à la faveur de ceux qui détiennent, depuis plusieurs années, les clés des dépôts où sont réceptionnées les aides internationales, la Primature en tête. Ces pluies leur sont tombées à point nommé car les aides d´urgence vont affluer de toute part, ce qui leur permet de mener à bien leur campagne électorale avec le tiers de l'aide et le reste on ne doit pas en parler, secret de Primature ! Certainement, ces aides d´urgence ne vont pas connaître meilleur sort que les sept millions de dollars du Venezuela qui se sont volatilisés dans la caisse de la Primature. Compte tenu de la gravité de la situation humanitaire, du flot des aides d´urgence qui vont se poursuivre probablement durant trois mois et auquel s'attache fermement la cellule de crise-intérêt s'entend- la Commission Préparatoire du XIV Congrès va-t-elle ajourner la tenue de ce Congrès sous le prétexte que la priorité n'est plus aux grands rassemblements quand bien même constitutionnels, mais œuvrer par tous les moyens pour le retour à la normale, ce qui suppose trois autres mois de travail sans répit.
Mais pourquoi, dirions - nous , un Congrès dès lors que la cellule de crise fait si bien son travail dans toute la « transparence »…. Qu´elle continue pour un mandat de quatre ans.

Najem Ould Zoubeyr
nzoubeyr[at]gmail.com
26.10.15

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