par Maître Takioullah Eidda, avocat
Aucune étude d’impact ou de faisabilité n’a été réalisée à ce jour! Et n’en parlons pas de financement.
En effet, la construction dudit gazoduc, dont les coûts et le financement ne sont même pas encore connus, pose en plus quelques sérieux problèmes de droit international!
Long de 3000 km, le tracé de ce gazoduc traverse plusieurs pays, notamment le Benin, le Togo, le Ghana, le Sénégal, la Mauritanie et bien sûr le Sahara Occidental.
Outre les problèmes relatifs à sa sécurité, avec les sabotages récurrents des groupes «Boko Haram» et les «Vengeurs du Delta», il y a sussi et surtout le statut juridique et militaire du Sahara Occidental!
En effet, le tracé du projet traverse le territoire sahraoui, lequel fait l’objet depuis 2020 d’intenses opérations militaires de la part du Front Polisario, en plus d’être soumis au processus de décolonisation de l’ONU dans le but de permettre au peuple Sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination suivant la résolution 1514 de 1960.
Par conséquent, le Maroc ne jouit et ne détient aucune légitimité qui lui permet de valider l’exécution du projet et son passage par les eaux territoriaux du Sahara Occidental, de sorte qu’il est voué à l’échec et à la passivité moqueuse des pays africains concernés!
En fait, le Maroc essaie de jouer sur la précarité et l’urgence énergétique que connaît les pays de l’Europe Occidentale, en essayant, désespérément, avec une supercherie sans bornes, de faire avaler ce projet aux pays concernés et ainsi placer tout le monde devant le fait accompli, conme il nous a habitué à le faire!
Comme l’a souligné le très sérieux journal «Le Monde», le Gazoduc Maroc-Nigeria est une chimère!
Donc, toute cette propagande chimérique démontre un certain amateurisme, pour ne pas dire un aveuglement sans borne de la part du Maroc, si bien qu’il est à se demander si l’émotionnel, voire le délire, n’a pas pris le dessus dans les esprits des décideurs marocains dans la gestion du dossier du Sahara Occidental.
Pourtant, après presque 47 ans de guerre, de sacrifice financier, de bla bla, de contre vérité, de faux semblants, le problème du Sahara Occidental reste entier pour le Maroc. Je dirais au point de départ, pertes en sus !
La preuve, si preuve est nécessaire, est la toute dernière résolution No 2654 du Conseil de Sécurité de l’ONU adoptée le 27/10/2022, qui enjoint «le Maroc et le F.Polisario de reprendre les négociations de bonne foi en vue de parvenir à une solution qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental.»
Alors … ! Il est vraiment temps pour le Maroc de se ressaisir et de voir la réalité en face.
Maître Takioullah Eidda, avocat
Montréal, Canada.
eidda.avocat[at]hotmail.com
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