9.5.21

Dieu sauve les juges espagnols de la presse espagnole !

 par Haddamine Moulud Said

Les tribunaux reçoivent chaque jour des milliers de plaintes et de dénonciations. Une bonne partie de ces plaintes n'ont aucune voie judiciaire, car elles ne sont pas fondées. Et c'est pour cette raison que les médias n'accordent jamais d'importance à ces plaintes. Cependant, dans ce cas, pour une raison quelconque, un véritable orchestre symphonique a été organisé. Et à la recherche du meilleur maître de cérémonie possible, ils l'ont placé sous la baguette de nulle autre que l'Agence EFE.

Un procès qui n'a aucune base juridique a fait la une d'une grande partie des médias espagnols. La raison ? Ternir l'image de la lutte légitime du Front Polisario et au passage, gagner l'amitié du royaume alaouite. Une amitié qui n'est pas de trop à l'heure où la crise économique de la presse écrite fait des ravages dans le secteur.

Mais pas seulement. Les médias sont allés encore plus loin et ont "fabriqué" plusieurs étapes d'un processus judiciaire dont il n'y a eu aucune, sauf peut-être l'admission du procès.

Quant à l'identité du patient admis par le COVID 19 à l'hôpital de "San Pedro" à Logroño, l'État espagnol, par l'intermédiaire de la plus haute autorité du ministère des affaires étrangères, a déclaré qu'il avait accepté de recevoir le secrétaire général du Front Polisario en tant que COVID 19.

Nous insistons? l'Etat espagnol, à la demande d'un Etat tiers, a accepté de recevoir le Secrétaire Général du Front Polisario pour un traitement contre le COVID 19.

Et le patient étant entré, comme il ne pouvait en être autrement, avec son propre passeport diplomatique, avec l'accord de deux États voisins, l'orchestre symphonique espagnol veut nous tromper, en nous disant qu'il est entré avec une fausse identité.

Soit ils prennent les lecteurs pour des imbéciles, soit le besoin d'enveloppes en provenance du sud est extrêmement pressant. Et à tout cela, les médias espagnols semblent ne pas s'être souvenus des dommages qu'ils causent à l'image des forces et corps de sécurité de l'État.

Deuxièmement, la question de la plainte. Ce qui s'est passé ici est très facile à expliquer. On a dit à quelqu'un : "Vous déposez la plainte, le reste ne vous regarde pas".

Ou, en d'autres termes, un procès a été intenté non pas pour obtenir une certaine voie judiciaire, mais pour obtenir une voie médiatique retentissante, indépendamment des vicissitudes judiciaires de l'affaire.

Et comme aucun média espagnol ne l'a fait, nous allons reproduire ce que dit l'article 607 bis du code pénal espagnol :
Des Crimes contre l'humanité

Article 607 bis
1- Sont coupables de crimes contre l'humanité les personnes qui commettent les actes visés au paragraphe suivant dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique contre la population civile ou contre une partie de celle-ci. En tout état de cause, la commission de tels actes est considérée comme un crime contre l'humanité :

1- Parce que la victime appartient à un groupe ou à une collectivité persécutée pour des raisons politiques, raciales, nationales, ethniques, culturelles, religieuses, de sexe, de handicap ou pour d'autres motifs universellement reconnus comme inacceptables par le droit international.
2- Dans le contexte d'un régime institutionnalisé d'oppression et de domination systématique d'un groupe racial sur un ou plusieurs autres groupes raciaux et dans l'intention de maintenir ce régime.

Dans un territoire où opèrent le HCR, le PAM, l'UNICEF, la MINURSO, la Croix Rouge Internationale, l'Agence Espagnole de Coopération Internationale, d'innombrables ONG internationales et où des dizaines de vols chargés d'Européens viennent chaque année pour manifester leur solidarité avec la lutte légitime du peuple sahraoui, et dont personne n'a jamais signalé de crimes de cette nature, on voudrait nous faire croire qu'un juge, pas moins que l'Audience Nationale, donne de la crédibilité à une plainte pour la commission de crimes de cette nature. ¡Que Dieu sauve les juges espagnols des médias espagnols!

Dans un territoire où, il n'y a pas longtemps, le secrétaire général de l'ONU a atterri et où le gouvernement espagnol met à disposition un avion pour le transfert des envoyés de l'ONU, quelqu'un veut nous faire croire que, durant l'été 2019, des crimes contre l'humanité ont été commis que, d'ailleurs, seuls les yeux d'une personne, la plaignante, liée au Maroc, pour être plus précis, ont pu voir.

En plus de fabriquer un procès d'une telle ampleur, les médias espagnols sont allés un peu plus loin et ont faussement accusé le juge de l' Audience nationale d'un acte d'assignation contre Brahim Ghali. Un ordre qui n'a jamais existé. Lorsque le jour de la supposée convocation est arrivé, et que la fausseté de la nouvelle a été découverte, l'Agence EFE a avalé sa baguette et le reste de l'orchestre s'est consacré à jouer une autre sonate de mauvais goût, cette fois en annonçant une date ultérieure. Malgré les demandes répétées des excuses sur les réseaux sociaux, l' Agence EFE ne s'est toujours pas excusée pour avoir diffusé des informations totalement fausses.

Par ailleurs, il y a quelques jours, la ministre espagnole des affaires étrangères a déclaré, en le citant nommément, que le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, se trouve à l'hôpital San Pedro de Logroño. La ministre a-t-elle menti en disant Brahim Ghali ? La ministre a-t-elle confondu Brahim Ghali avec une autre personne ?

De plus, le Maroc a demandé des consultations avec l'ambassadeur d'Espagne à Rabat, Ricardo Díez-Hochleitner, pour demander des explications sur l'entrée en Espagne de cette même personne, et non d'une autre. Serait-il possible que les puissantes antennes marocaines en Espagne aient, elles aussi, été confuses quant à l'identité du patient admis à Logroño ?

De leur côté, l'ambassadeur sahraoui à Alger et le représentant du Polisario en Espagne ont tous deux déclaré que Brahim Ghali est bien à Logroño.

Mais avec toutes ces données, les médias espagnols voudraient nous faire croire qu'il y a un juge de l' Audience national qui, doutant toujours de l'identité du patient admis à Logroño, a envoyé la police pour identifier cette personne. Y a-t-il vraiment un juge de l'Audience National qui, après tant de déclarations et d'appels à consultation, ne sait toujours pas de qui il s'agit et doit envoyer une patrouille de police pour déterminer son identité ? Le juge insinue-t-il que la ministre a peut-être menti en disant qu'il s'agissait de Brahim Ghali ? Les juges de l'Audience National sont-ils vraiment si mauvais, pour dire que le patient est Brahim Ghali ? les juges de l'Audiencia National, aux yeux de la presse espagnole ?

Après avoir démontré la fausseté de la convocation et celle de l'identification supposée faite par la police, afin de cacher le fiasco et de ne pas ennuyer le public, les médias espagnols nous renvoient à un prochain épisode, le 1er juin.

Curieusement, toutes les informations publiées dans la presse espagnole ne sont que des traductions, en espagnol, d'informations précédemment publiées, en français, dans la presse du voisin du sud. Cependant, tant la version originale française que toutes les traductions espagnoles font référence aux "sources légales". Aucun d'entre eux ne cite une source judiciaire ou une source officielle espagnole.

Haddamine Moulud Said
Le 07-05-2021
mouludsaid[at]gmail.com

-------------- Ce texte exprime l'opinion de l'auteur et n'engage pas les modérateurs du forum.


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