13.5.22

SAHARA OCCIDENTAL : APRÈS LES CRITIQUES, VOICI LES PROPOSITIONS

 par Maître Takioullah Eidda, avocat.

I. LÉGITIMITÉ DU F.POLISARIO.

Il est reconnu aujourd’hui et incontesté par toutes les instances internationales, notamment l’ONU, l’UA et l’UE, que le Polisario est le représentant autoproclamé attitré du peuple du Sahara occidental.

Juridiquement, la légitimité de cette représentativité lui découle des constats des instances internationales, depuis 1975, et de la résolution 1514 des Nations-Unies de 1960, laquelle reconnaît au peuple du Sahara Occidental le droit à l’autodétermination en tant peuple et territoriale encore soumises au processus de décolonisation!

Le front Polisario se trouve donc de facto fiduciaire de la responsabilité relative à la canalisation de l’expression des sahraouis et la mobilisation des moyens qui leur permettent d’exercer leur droit légitime que leur reconnaît la légalité internationale.

Il faut signaler par ailleurs que depuis 1960, et durant toutes ces décennies, aucun autre mouvement n’a pu asseoir une quelconque légitimité au nom, et pour, le peuple sahraoui!

De fait, le front Polisario a matérialisé, sur le terrain et à travers le temps, l’expression du peuple sahraoui par la lutte armée contre le colonialisme espagnol, puis contre l’envahisseur mauritanien et aujourd’hui l’occupant agresseur: le Maroc.

Pris dans un engrenage de passivité, de naïveté et d’illusion devant le processus onusien en place depuis 1991, cause d’éparpillement et de relâchement des sahraouis à tous les niveaux, le front Polisario s’est trouvé, trente ans plus tard, obligé de reprendre de nouveau les armes contre le Maroc; pays occupant de fait et fortement barricadé derrière un mur de défense, avec une armée bien équipée/entrainée par ses alliés inconditionnels: ISRAÉL, les USA et la FRANGE.

II. ALORS QUE FAIRE ?

Évidemment, il faut poursuivre la lutte armée, en tant que principe et engagement originels. C’est un choix impératif qui prévale sur toute autre alternative politique ou onusienne incertaines.

Mais, cette reprise des armes suppose aussi l’URGENCE d’entamer une démarche efficace, dans le but de mettre la maison intérieure en état, après une si longue période de faille de leadership, de fausses promesses onusiennes, de faux semblants, du tourner en rond et de temps perdu!

III. COMMENT ?

Comme je l’ai déjà dit, et je le répète, le Polisario est le représentant légitime du peuple sahraoui! Mais ce statut reconnu, ne lui donne pas pour autant, dans le processus de décolonisation ou de libération actuel, le droit ou le pouvoir d’exclure ou de marginaliser tout autre expression sahraouie dissidente ou concurrente !

À la rigueur, ce statut de représentant autoproclamé confère au Polisario la responsabilité de mobiliser de rassembler, d’écouter, y compris les voix discordantes, et porter au monde la somme et la synthèse de cette expression.

En revanche, le Polisario ne peut en aucun cas persécuter arbitrairement, sans droit, les sahraouis en désaccord avec ses choix ou orientations. Tout au plus, il peut essayer de les convaincre et si possible les intégrer, mais certainement jamais les persécuter !

Seul le peuple sahraoui, et seulement lui, dans la plénitude de l’exercice de sa souveraineté nationale, détient le droit d’arbitrer les divergences de ses composantes et les orientations de son propre destin, et ce, toujours d’une façon transparente, crédible et consensuelle.

Par conséquent, devant les difficultés crépusculaires que connait aujourd’hui la cause sahraouie et l’incertitude de demain, il devient impératif de reformuler l’approche, en faisant appel au peuple sahraoui LUI-MÊME, dans son ensemble, et à toutes ses forces vives, où qu’elles s’y trouvent, pour décider d’une stratégie nationale qui sculptera la forme du destin qu’il fantasme pour lui-même à court, à moyen et à long termes!

Il faut entendre ici par l’ensemble du peuple sahraoui, toutes les composantes de celui-ci, quelle qu’elles soient et où qu’elles s’y trouvent. Qu’elles s’y trouvent dans les camps de réfugiés, dans les territoires occupés, en exile, au Maroc, en Algérie, en Mauritanie et ailleurs dans le désert! Oui, aussi bizarre que cela puisse paraître, il y a aujourd’hui des sahraouis écœurés et dépourvus qui ont choisi le triste repli dans le néant du désert.

C’est donc une CONFÉRENCE NATIONALE, avec un grand «N» ou des ASSISES, qu’il faut sérieusement COMMENCER et entreprendre immédiatement et sans attendre!

Oui, si le front Polisario se croit investi de l’intérêt suprême du peuple sahraoui et du leadership de sa cause, il doit initier cette conférence nationale de conciliation, et ne doit y trouver AUCUNE gêne à inviter tous les sahraouis, notamment ceux et celles qui lui semblent aujourd’hui les plus éloignés et les plus infréquentables.

J’attends par-là, le Mouvement des Sahraouis pour la Paix (MSP), le mouvement «Khatt El’Chehid», les sahraouis membres du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes, les illusionnistes qui ont regagné le Maroc, mais probablement regrettent amèrement aujourd’hui.

Certes, les ennemis charognards du peuple sahraoui, y compris les faux amis proches et les ennemis de l’intérieur, vont s’opposer par tous les moyens et à tous les niveaux, mais c’est leur rôle, devant lequel il faut tenir mordicus et faire preuve de vision et du leadership.

IV. OÙ TENIR CETTE CONFÉRENCE NATIONALE DE CONCILIATION ?

Ça va de soi que le territoire de la Mauritanie-Sœur est le lieu le plus indiqué pour un tel événement historique, et ce, sur tous les plans et à tous les niveaux: neutralité, proximité, tranquillité, sécurité et intérêt!

Je suis sûr que la Mauritanie, mon pays, peuple et gouvernement, seront des plus enthousiastes à accueillir une conférence dont l’objectif est de permettre aux composantes du peuple Sahraoui-Frère de s’y trouver entre elles et de discuter intimement et librement de leur destin. Ce ne sera pas un AÏN-BINTILLI(2), pour la bonne raison que AÏN-BINTILLI(1) n’a sérieusement jamais existé!

D’ailleurs, se faisant le peuple de Moujtamaa El’Bidhan (Mauritano/sahraoui) démontre une fois de plus à tous sa grande maturité et, par le fait même, renforce sa solidarité après tant de soubresauts événementiels et historiques.

V. RETOMBÉES D’UN TEL ACTE POUR LA CAUSE SAHRAOUIE:

D’abord, en dépit du résultat d’une telle conférence, le monde à commencer par les ennemis, aura reçu un message clair: le peuple sahraoui EXISTE et revendique le RESPECT de son droit, si bien qu’il est capable de se souder les rangs et faire preuve de solidarité pour décider de ses intérêts et asseoir le choix de son destin.

En terminant, il faut le dire et le répéter: la pire chose qui peut arriver au peuple sahraoui, est que ses forces vives, son élite et ses représentants, où qu’ils s’y trouvent, continuent de végéter dans la division, le narcissisme, l’égoïsme, le repli sur soi, le paternalisme, l’exclusion de l’autre et enfin de compte la MÉDIOCRITÉ !

Maître Takioullah Eidda, avocat
Montréal, Canada.
13.05.22
quebec171[at]gmail.com

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