par Maître Takioullah Eidda,
Après qu’il ait manifestement réussi dans la consolidation de son mur de défense, construit dans les années quatre vingt (1980) sur une longueur de 2.700 kilomètres, le Maroc s’attaque maintenant à construire un nouveau mur, mais cette fois sur le plan diplomatique, le tout dans le but d’asphyxier et isoler la cause du peuple sahraoui.
Pour commencer, le Maroc a décidé d’établir ses relations diplomatiques avec les pays qui ont reconnu officiellement la RASD ou encore, reconnaissent le Polisario comme représentant du peuple sahraoui, et ce, en nommant 66 nouveaux ambassadeurs, entre autres, en Afrique et en Amérique-Latine: Afrique du Sud, Éthiopie, Nigéria, Kenya, Angola, Ouganda, Mozambique, Rwanda, Tanzanie, Ghana, Tunisie, Égypte, Benin, Mexique, Panama, Brésil, Colombie, l’Equateur, Guatemala, Nicaragua, Trinidad et Tobago, Suriname, Sainte-Lucie, Antigua-et-Barbuda, Honduras, Costa-Rica, Salvador, Pérou, Bolivie, Chili, Paraguay … etc.
Au mois de mars 2016, il décide unilatéralement d’expulser les membres du personnel civil de la MINURSO afin de saboter la mission de celle-ci et ainsi rendre impossible l’organisation éventuelle de tout référendum au Sahara Occidental. En dépit de la résolution 2285 (2016) du Conseil de Sécurité, il refuse toujours le retour de la totalité des casques bleus expulsés.
Au mois de juillet 2016, lors du sommet de l’Union africaine tenu à Kigali, le Maroc a fait savoir son intention de demander l’adhésion à cette organisation, en distribuant une lettre aux délégations présentes.
Au mois d’août 2016, dans un geste sans précèdent et sans aucun préavis, pas même à l’ONU, le Maroc entame le goudronnage d'une route longue de 3,9 kilomètres, ralliant le Sud du Sahara Occidental à la Mauritanie, dans la région de Guerguerat, violent par le fait même les dispositions de l’accord du cesser le feu signé en 1991.
Le 23 septembre 2016, il dépose auprès de la Présidente de la Commission, une demande formelle d’adhésion à l’Union Africaine, organisation au sein de laquelle la RASD jouit de statut de membre fondateur à part entière.
Et enfin, au mois d’octobre 2016, après des visites en Chine, en Russie en Inde, pour ne citer que ces pays, le Roi Mohamed VI entame une tournée dans les pays de l’Afrique Australe et de l’Est, traditionnellement alliés du Polisario, leur promettant monts et merveilles et quoi encore ...
Toute cette offensive diplomatique vise une seule et unique chose: asphyxier la cause sahraouie sur le plan diplomatique, seule bouffée d’oxygène qui lui reste dans ce conflit, compte tenu de l’incapacité du Polisario de reprendre l’initiative sur le terrain.
Certes, une partie de la communauté internationale demeure attachée, avec raison, au principe du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui selon les résolutions de l’ONU, mais ça s’arrête là: des paroles, pas plus!
D’ailleurs, la témérité diplomatique marocaine vient de l’évidence de ce constat. Car, de nos jours, la diplomatie n’a aucun effet pratique sur le terrain si elle n’est pas appuyée de moyens coercitifs qui font craindre l’adversaire ou qui peuvent toucher à ses intérêts vitaux.
En fait, pour caricaturer, si la diplomatie avait un impact «autosuffisant» aussi déterminant, la Palestine serait depuis longtemps indépendante, puisqu’elle est membre de toutes les organisations internationales et reconnue par presque tous les pays du monde, y compris implicitement par l’État d’Israël.
Malheureusement, la diplomatie est un jeu de coulisse et d’intérêts et le Polisario, contrairement à la Palestine, est loin d’en avoir les soutiens nécessaires. La preuve, si preuve est nécessaire, c’est la position méprisante de l’Espagne à l’égard de ce conflit.
Ancienne puissance coloniale du Sahara Occidental, le Polisario n’a jamais été capable de fléchir la position celle-ci, et ce, malgré sa culpabilité historique atroce, avec les accords de Madrid de 1975. Pourtant, en plus d’abriter la plus grande diaspora sahraouie en dehors de l’Algérie, ce pays regorge d’ONG, de citoyens, de collectivités locales et d’acteurs de la société civile qui soutiennent ouvertement la cause du peuple sahraoui !!
Alors, quelle sera l’attitude du Polisario face à cette nouvelle dynamique diplomatique marocaine? Chose est certaine, si c’est la même attitude que celle qu’il a adoptée depuis le cesser le feu de 1991, la cause du peuple sahraoui n’est pas sortie du bois de si tôt, encore moins du labyrinthe dans lequel elle y tourne depuis 40 ans.
Maître Takioullah Eidda, avocat
Montréal, Canada.
31.10.16
eidda.avocat[at]eidda.ca
--------------
Ce texte exprime l'opinion de l'auteur et n'engage pas les modérateurs du forum.
Suscribirse a:
Enviar comentarios (Atom)
No hay comentarios:
Publicar un comentario